Le tribunal criminel près la cour de Blida a clôturé le procès de la caisse principale de Khalifa Bank jeudi dernier en rendant son verdict concernant les derniers accusés en fuite qui ont été condamnés par contumace. Au terme de ce jugement par défaut, le tribunal a condamné, le principal accusé, Rafik Abdelmoumène Khalifa, P-DG du groupe, à la réclusion à perpétuité. Le tribunal a eu aussi à prononcer des peines allant de 10 à 20 ans de prison ferme contre les dix autres accusés toujours en fuite. Une peine de 20 ans de prison a été prononcée contre six accusés, Abdelwahab Keramane, ancien gouverneur de la banque d'Algérie, Krim Smaïl, Salim Bouabdellah, Faouzi Baïchi, Mohamed Nanouche et Ghazi Kebbache. 15 ans de prison ferme contre Sakina Taïbi, tandis que 10 ans d'emprisonnement contre trois accusés : Nadia Amirouchène, Abdenour Keramane et Yasmine Keramane. Outre ces peines de prison, le tribunal a aussi ordonné la saisie de tous les biens de ces accusés. Par ailleurs, c'est la question de l'extradition de l'ancien patron du groupe Khalifa, Abdelmoumène, qui se pose désormais. Depuis l'effondrement de son empire en 2003, RAK s'est réfugié en Grande-Bretagne et les autorités algériennes n'ont pas cessé de réclamer son extradition à leurs homologues britanniques. A cet égard, moult négociations ont eu lieu entre les officiels des deux pays sans pour autant aboutir à un accord final sur le transfert du principal instigateur de l'affaire Khalifa, poursuivi pour "association de malfaiteurs, corruption, abus de confiance, faux et usage de faux et escroquerie". Même si un protocole d'accord d'extradition a été signé, il y a une année, entre Alger et Londres, pour l'extradition de RAK, rien n'est fait à l'heure actuelle. En tout cas, du côté des autorités algériennes, le transfert de ce fugitif sera un signal fort à la coopération bilatérale entre les deux pays. Ces deux derniers mois, Abdelmoumène Khalifa, qui a toujours demandé d'être jugé par un tribunal britannique, s'est retrouvé dans la cible de la justice britannique qui le soupçonne de blanchiment d'argent. Quelques jours après avoir déclaré qu'il jouit d'un statut de réfugié politique, Moumène Khalifa a été vite désavoué lorsque Scotland Yard l'a interpellé et mis sous contrôle des services de l'émigration. Pour ce qui est du dernier jour du procès, le tribunal criminel de Blida a donné une suite favorable aux demandes de la Banque d'Algérie et de Khalifa Bank liquidation de se constituer partie civile. C'est-à-dire, de ce fait, les intérêts que détiennent les deux institutions sur les accusés seront préservées. Rappelons que la banqueroute de Khalifa a causé des pertes avoisinant les cinq milliards de dollars, dont trois milliards pour la seule Banque d'Algérie. Cependant, la présidente du tribunal a rejeté toutes les autres requêtes pour se constituer partie civile, émanant de quelque 133 autres victimes, parmi les déposants qui se sont manifestés, en précisant que "les personnes physiques et morales étaient liées à Khalifa Bank par des actes commerciaux ou contractuels". Plusieurs avocats de ces victimes n'ont pas apprécié le rejet de leurs requêtes et contestent au tribunal la décision d'accorder à la banque d'Algérie et Khalifa Bank liquidation de se constituer partie civile en défendant que la BA a une responsabilité à assumer dans ce scandale et Khalifa Bank n'a plus le droit de se plaindre à partir du moment que l'agrément lui a été retiré et le liquidateur n'a pas le droit de la représenter.