Lors du colloque international Cafrad-Unesco sur la bonne gouvernance et l'efficacité des institutions en Afrique face à la crise mondiale, le docteur Abderrahmane Mebtoul, professeur d'université en management stratégique, expert international, a affirmé, à Tanger, avant-hier que l'Afrique, avec une population qui a atteint les 944 millions en 2007, ayant doublé depuis 1980, pratiquement quintuplé depuis 1950, et s'orientant vers un milliard et demi à l'horizon 2020 aura une croissance économique de l'ordre de 4,1% d'après les projections récentes de la Banque mondiale. De manière globale, le produit intérieur brut (PIB) réel des pays exportateurs de pétrole (Angola, Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, Nigeria et Tchad) connaîtra une croissance de 5,5% tandis que celui des autres pays sera à 3,3%. Ces chiffres sont en augmentation par rapport aux projections de 2009 qui annonçaient une variation du PIB de l'ordre de 1,1% seulement. Le rapport souligne que, dans l'ensemble, les efforts effectués au cours de ces dernières années en faveur de l'assainissement des cadres macroéconomiques, permettent à l'Afrique de mieux résister à cette crise qu'aux précédentes. Mais il ne faut jamais oublier que la crise affectera au cas par cas les pays de l'Afrique australe et du Maghreb. Car ils sont économiquement plus prospères que l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Ouest. Des pays ayant des réserves de change importantes, notamment les économies pétrolières africaines (Afrique du Nord et Afrique noire) ou des pays grands exportateurs de matières premières seront moins affectés que les pays les plus pauvres ou vivant uniquement du tourisme, ces derniers risquant de connaitre une récession. Certes, du fait du sous-développement, l'Afrique reste moins affectée par la crise financière mondiale, le système financier africain étant généralement autonome et indépendant de ses relations avec les économies occidentales et ne dispose pas encore d'un système boursier encore performant. Une autre raison pour lesquelles les turbulences économiques mondiales ont eu des effets moins graves en Afrique, est que le contrôle des mouvements de capitaux, ont poussé les banques du continent à favoriser la gestion des dépôts locaux et à faire des investissements relativement peu risqués. Leur exposition aux "subprimes" et autres instruments financiers douteux, qui ont provoqué la chute de banques américaines et européennes, est donc minimale. Toutefois, des conséquences à plus long terme sont attendues car la situation de l'Afrique est des plus inquiétantes ; en effet, même si elle ne subit pas une conséquence directe de la crise financière, l'impact se fait ressentir par d'autres biais. Par ailleurs, l'intégration économique de l'Afrique me parait essentielle, car seules des actions collectives peuvent avoir un effet. C'est dans ce cadre que je considère que le sous segment de l'intégration maghrébine au sein de l'espace euroméditerranéen est vital certes, pour la région du Maghreb ce n'est pas une utopie mais une nécessité économique et historique, mais également pour l'Afrique pouvant être un puissant catalyseur, faisant le pont avec le monde arabe à fortes potentialités de capitaux alors que les échanges intra-maghrébins ne représentent que 3% et les échanges intra pays arabes moins de 6% (moyenne 2008/2009), taux dérisoire, malgré de nombreux discours politiques, loin de la réalité économique. D'autre part, le dernier rapport de la Banque mondiale 2009 souligne que l'intégration maghrébine pourrait permettre une croissance du Maghreb de plus de 8% hors hydrocarbures gagnant ainsi plusieurs points qui auront une répercussion positive sur la création d'emplois et donc sur le niveau du taux de chômage. Alors on pourrait imaginer les importantes économies d'échelle, les gains de productivité, si l'intégration de l'Afrique pouvait se réaliser, par étapes, tenant compte d'espaces socio-économiques homogènes. Du point de vue économique, pour réaliser l'intégration maghrébine, on peut envisager la solution intermédiaire fondée sur l'interaction entre la libéralisation commerciale et l'harmonisation industrielle. Cette solution devrait couvrir une période de 5 ans au cours de laquelle les pays maghrébins s'engageraient : à des réductions linéaires (10 % par exemple par an) des droits de douanes et des restrictions quantitatives frappant les produits échangés, à l'établissement d'une liste d'industries à agréer et dont les produits seraient assurés de la libre circulation et de la franchise sur le marché maghrébin, à la création d'une Banque maghrébine d'intégration pour financer les projets d'intérêt commun et favoriser cette industrialisation simultanée et équitable, à l'institution éventuelle d'une union des paiements et enfin à l'harmonisation de leurs politiques commerciales. Après cette banque d'investissement, la création d'une Banque centrale et d'une Bourse maghrébine pourraient être, dans une seconde phase e créées car elles doivent précéder nécessairement la création d'une monnaie maghrébine devant s'insérer à l'horizon 2020 à travers des réseaux dans le cadre de la future création d'une Banque centrale et bourse euroméditerranéenne.