Malgré le mouvement protectionniste amorcé à cause de la crise économique mondiale, le DG de l'OMC maintient un certain optimisme par rapport à la conclusion du cycle de Doha. Ainsi, M. Pascal Lamy a indiqué hier qu'il sera possible de conclure le cycle de Doha sur la libéralisation du commerce international en 2010 si les responsables politiques y consacrent l'énergie. En ce sens, le sommet des dirigeants du G20, en juin au Canada, sera un test décisif, a-t-il estimé. "Sur le plan technique, en tant qu'expert ayant un peu l'habitude des négociations commerciales, je peux vous dire que c'est certainement faisable", a déclaré Pascal Lamy aux journalistes présents à Canberra, où il s'entretenait avec le gouvernement australien. "Il sera impératif d'identifier parmi les derniers blocages ceux qui permettront une avancée majeure", a-t-il ajouté. Le cycle de Doha a été lancé fin 2001 dans la capitale du Qatar, mais les discussions se sont bloquées en 2008 en raison d'un désaccord entre les Etats-Unis et l'Europe, d'une part, et la Chine et l'Inde de l'autre, au sujet de la protection des agriculteurs des pays riches et des aides aux produits industriels des pays émergents. L'an dernier, les dirigeants se sont fixé pour objectif de conclure Doha en 2010. De hauts responsables des vingt grandes économies mondiales doivent faire le point fin mars pour déterminer si un accord est possible. Mais lors d'une réunion à Davos le mois dernier, les ministres du Commerce étaient pessimistes. Pour plusieurs d'entre eux, l'inaction des Etats-Unis, où le président Barack Obama se concentre surtout sur les questions intérieures en cette année électorale, en est la principale raison. Mais de l'avis de Pascal Lamy, le discours sur l'état de l'Union d'Obama, prononcé début janvier, a donné des raisons d'espérer. "Je pense que quiconque a examiné avec attention la partie sur le commerce du discours sur l'état de l'Union a été frappé par sa tonalité positive. C'est vrai, la situation politique intérieure reste difficile", a dit Pascal Lamy. Selon lui, les négociations ont achoppé sur environ 20% des sujets abordés, après de légers progrès en 2009. "Cela a probablement à voir avec ce qui reste à faire concernant les baisses de droits de douane sur les produits industriels, et dans certains cas sur les produits agricoles, en particulier pour les pays en développement. Voilà à mon avis sur quoi il faut se concentrer à présent." Il est utile de rappeler que M. Pascal Lamy a récemment indiqué que si la crise a fortement affecté le commerce mondial, elle ne remet pas en cause le processus de mondialisation, même si la vigilance reste de mise face à la tentation du protectionnisme. "Le commerce international va retrouver son dynamisme mais avec une certaine décélération", a-t-il prédit. Le patron français de l'OMC a mis en garde contre la tentation de fermer les frontières et l'excès de zèle des régulateurs financiers.