Autosuffisance alimentaire, sécurité alimentaire pouvant mettre en cause la sécurité nationale c'est-à-dire, en fin de compte, la décision nationale, et même l'unité nationale et la préservation de l'intégrité du territoire national, sont des thèmes mis au placard depuis que le débat a été ouvert par le sénat. Et pourtant, ces thèmes avaient servi durant des décennies aux pouvoirs successifs à convaincre du bien-fondé de ses diverses politiques agricoles. Les populations, ou plutôt les organisations de masse du parti unique, apportaient les soutiens désirés pour donner à ces derniers une " légitimité " attendue, et qui se substitue à celle que fournissent les urnes. Sur le plan de l'économie, de façon globale, le concept de "sécurité" avait toujours et pas seulement souvent accompagné les discours des pouvoirs successifs, et se rapportait à notre dépendance des pays étrangers, plus particulièrement dans le domaine de l'agriculture. Nous n'en sommes plus à ce niveau à épiloguer sur "l'intelligence économique", ne disposant pas d'entreprises qui devraient protéger leurs innovations, leurs procédés de fabrication, leurs marchés extérieurs, qui devraient disposer de leurs propres services de renseignement face à une concurrence féroce. Si le pays ne peut pas vivre sans les importations et qu'il a échoué à produire en substitution à celles-ci, si alors se produit une insuffisance des ressources à la fois par leur épuisement et par la dégradation des cours du baril de pétrole, si donc se raréfient les biens de consommation par notre éventuel échec de la politique agricole, quelle stabilité pourrait-il y avoir alors qu'il sera facilement prévisible que se déclencheront des luttes pour leur appropriation ? Il est connu et reconnu de toute façon que la sécurité alimentaire est une partie intégrante de la sécurité nationale. La sécurité alimentaire peut renforcer notre capacité à ne pas nous soumettre au chantage d'autres pays, comme par son insuffisance ou sa dégradation, elle pourrait ruiner la souveraineté nationale en transférant à l'étranger la décision nationale. Quelle souveraineté prouvée et effective pour un pays dont l'économie dépend exclusivement d'une ressource non renouvelable et qui s'épuiserait à vue d'œil ? Il ne peut pas y avoir d'institutions réellement démocratiques si l'économie est tournée vers les importations avec son corollaire le chômage et la dépendance de l'étranger. Cette mise en péril de la sécurité est autant à conjurer qu'on évalue la durée pendant laquelle les importations seront garanties par le montant des réserves disponibles. Qu'en sera-t-il par la suite, quand nous aurons totalement dépensé nos réserves ?