Un nouveau scandale pour Goldman Sachs ? Après avoir été accusée de la faillite de l'assureur AIG, la banque américaine est montrée du doigt par la presse américaine qui lui reproche d'avoir joué un rôle majeur dans la crise que connaît la Grèce au sujet de sa dette. Le New York Times publie dans son édition ce lundi des informations mettant directement en cause l'établissement financier. Sur la base de témoignages de banquiers anonymes, l'article révèle que Goldman Sachs aurait, avec l'appui d'autres banques de Wall Street comme JP Morgan Chase, développé des outils permettant à la Grèce d'emprunter tout en dissimulant l'ampleur de sa dette pendant plusieurs années. Les faits remonteraient à 2001. A cette époque, la Grèce fait son entrée dans la zone euro. Pour s'aligner sur les traités en vigueur en matière de déficit, le pays choisit d'emprunter des milliards "et de continuer à vivre au dessus de ses moyens plutôt que de réduire ses dépenses ou d'augmenter ses impôts", écrit le journal. Goldman Sachs aurait contribué au stratagème au travers d'un "swap de devises", c'est-à-dire un échange de monnaie plutôt qu'un emprunt traditionnel. Cet outil, tout à fait légal, permet à la Grèce d'emprunter sans faire apparaître les montants dans les statistiques officielles. Au passage, Goldman Sachs empoche 300 millions de dollars de commission. L'affaire se serait reproduite en 2002. Et ces mêmes outils auraient été utilisés par d'autres pays d'Europe du Sud comme l'Italie, l'Espagne ou le Portugal. Goldman Sachs aurait poursuivi son rôle de banque de marché et de conseil jusqu'en novembre 2009, soit trois mois avant que "l'affaire grecque" n'éclate, faisant trembler le monde de la finance . A cette date, une équipe de Goldman Sachs aurait proposé au gouvernement grec un outil financier permettant de repousser à une date plus lointaine le poids de la dette sociale. La Grèce aurait décliné l'offre. Notons que le président de la Banque centrale européenne (BCE) a indiqué que la Grèce doit corriger maintenant ce qu'elle a fait dans le passé et une trajectoire qui était aberrante, a déclaré. "Elle a donné des orientations à l'écart de ce qu'est la zone euro", a-t-il dit lors de l'émission le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI. Jean-Claude Trichet a évoqué en particulier la question de la stabilité des prix, mise à mal par les augmentations de salaires accordées en Grèce dans le passé. "Il faut que la Grèce tout entière se rende compte qu'elle doit corriger une trajectoire qui était aberrante", a-t-il dit. Il a ajouté que les engagements pris jeudi par les dirigeants des Vingt-Sept lors du Conseil européen de jeudi dernier étaient suffisants et "sérieux". "J'attends que l'on mette en oeuvre le plan de redressement grec", a-t-il dit en refusant de préciser ce que devaient faire concrètement les ministres des Finances de la zone euro et de l'UE, qui se réunissent lundi et mardi prochain.