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De la crise du subprime à la crise financière
Séisme sur les marchés boursiers internationaux
Publié dans El Watan le 16 - 09 - 2008

Les institutions financières américaines et européennes sont sous haute tension depuis hier après la mise en faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers. Cette banque, la dernière victime en date de la crise des crédits hypothécaires dite « du subprime », s'est déclarée en faillite dans la journée d'hier et a provoqué une sérieuse mise à mal des marchés financiers mondiaux. Le gros risque que l'on craint est celui d'entraîner des dépréciations en chaîne sur les marchés internationaux.
Les premiers signaux commençaient à se faire entendre hier. Lehman Brothers a perdu quelque 3,9 milliards de dollars au troisième trimestre de l'exercice en cours, après avoir été contrainte à d'importantes dépréciations d'actifs au niveau de son portefeuille de crédits immobiliers. L'onde de choc de cette crise a rapidement atteint la place financière européenne. La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre (BoE) se sont déclarées, hier, sur le point d'intervenir sur les marchés des changes, alors qu'elles sont très attentives à l'apparition d'une crise financière majeure.
Les Américains, eux, voient déjà le pire arriver et se sont mis à prédire les scénarios les plus catastrophiques possibles. L'ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Alan Greenspan, a estimé que la crise financière actuelle est la plus grave depuis 50 ans, voire même depuis un siècle, jugeant sur sa lancée que la tourmente est encore loin d'être terminée. M. Greenspan a évalué à plus de 50% le risque que la tourmente financière plonge les Etats-Unis en récession. Concrètement, les marchés boursiers d'Europe et d'Asie plongeaient, hier, de 3 à 5%, alors que ceux du Golfe perdaient jusqu'à près de 7% dans la même journée et ce, à la suite de l'annonce de la faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers.
A Francfort, première place de la zone euro, l'indice Dax perdait 3,76% après avoir chuté de 2,75% peu après l'ouverture du marché. A Londres, le Footsie-100 chutait de près de 4% et à Paris, le CAC-40 chutait de 4,94 après avoir été de 3,54% peu après l'ouverture. A Zurich, l'indice SMI de la Bourse suisse reculait de -5,11% et à la Bourse de Milan, le SP/MIB chutait de 3,67%. La même tendance régnait sur toute l'Europe, à Madrid (-4,67%) et à Lisbonne (-3,29%). Autres conséquences : le billet vert continuait de perdre face à la monnaie unique et le pétrole chutait au-dessous des 93 dollars le baril. A l'horizon de la place financière américaine, pointe une autre crainte majeure liée au sort de l'assureur américain AIG qui connaît de grandes difficultés financières.
Chute boursière généralisée
Juste après l'annonce, hier, de la mise en faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, la nouvelle s'est propagée comme une traînée de poudre et a provoqué un véritable séisme sur les marchés financiers mondiaux. Au moment où les investisseurs redoutaient sérieusement la chute de Wall Street, la Banque centrale européenne et la Banque d'Angleterre (BoE) ont immédiatement réagi pour calmer le marché. Les deux banques ont injecté respectivement 30 milliards d'euros et 5 milliards de livres après avoir affiché de sérieuses appréhensions quant à l'apparition d'une crise financière majeure. Parallèlement, presque toutes les matières premières étaient durement frappées par le climat de débâcle économique provoqué par la faillite de la banque Lehman Brothers.
Le baril de pétrole est ainsi passé sous 93 dollars à Londres et sous 97 dollars à New York, ses niveaux les plus bas depuis février. La place financière du Moyen-Orient n'a pas été également épargnée. Les différentes Bourses du Golfe étaient en forte baisse hier, certaines perdant jusqu'à 7%. Les Bourses asiatiques, elles, avaient entamé la chute dès l'annonce de la mise en faillite de Lehman Brothers. A Bombay, l'indice Sensex des trente valeurs vedettes a clôturé en baisse de 3,35% à 13.531,27 points après avoir dévissé de plus de 5% auparavant. La Bourse de Taïwan a clôturé en forte baisse de 4,09%. Idem pour celle de Singapour (-3,27%), tandis que la Bourse de Sydney a terminé en baisse de 1,8% et celle de Nouvelle-Zélande de 1,26%. Manille a perdu 4,2%. A Tokyo, Hong Kong, Shanghai et Séoul, les Bourses étaient fermées dans la journée d'hier pour cause de jour férié.
Mais la chute sur la place financière américaine était plus spectaculaire même si les valeurs bancaires et financières étaient affectées au niveau de tous les marchés internationaux. A Wall Street, dès l'ouverture, Washington Mutual dégringolait de 25%, Morgan Stanley de 10%, tandis que Goldman Sachs a reculé de 8%. Bank of America chutait également de 16% après avoir racheté Merrill Lynch qui, elle, s'appréciait de 23%. Pour tenter de freiner la débâcle financière, la Banque centrale américaine a pris des mesures techniques en acceptant des titres bancaires risqués et difficilement vendables en échange de cash pour les banques en difficulté. Sur un autre front, dix grandes banques américaines et étrangères ont mis en place un fonds de 70 milliards de dollars dans lequel elles pourront puiser si elles risquaient de se retrouver à court de liquidités.
Les dates-clés de la crise des crédits hypothécaires (subprimes)
Février 2007 : Les défauts de paiement sur les crédits hypothécaires se multiplient aux Etats-Unis et provoquent les premières faillites d'établissements bancaires spécialisés.
Juin : La banque d'investissement Bear Stearns, qui annonce la faillite de deux fonds spéculatifs, est la première grande banque à subir les dommages des crédits « subprime ».
Juillet : La banque allemande IKB est mise en difficulté.
3 août : Les places boursières chutent face aux risques de propagation de la crise.
9 août : La banque française BNP Paribas annonce le gel de trois de ses fonds d'investissement exposés au marché du « subprime ». La Banque centrale européenne (BCE) injecte 94,8 milliards d'euros de liquidités et la Réserve fédérale américaine 24 milliards de dollars. La Banque du Japon, la Banque nationale suisse (BNS) ou encore la Banque du Canada interviennent également.
10 août : Les Bourses plongent. Les grandes banques centrales injectent de nouveau des liquidités dans le système bancaire.
14 septembre : La Banque d'Angleterre accorde un prêt d'urgence à Northern Rock, cinquième banque de Grande-Bretagne, pour lui éviter la faillite. Des clients paniqués se précipitent pour retirer leur épargne. 1er octobre : UBS, première banque suisse, annonce une dépréciation d'actifs de 4 milliards de francs suisses (2,4 milliards d'euros), principalement sur le marché du « subprime ». La banque américaine Citigroup annonce être aussi touchée par cette crise. Décembre : L'économie américaine souffre des effets de la crise de l'immobilier et du crédit. Les craintes de récession augmentent.
22 janvier 2008 : La Fed baisse son taux directeur de trois quarts de point à 3,50%, une mesure d'une ampleur exceptionnelle.
17 février : La banque Northern Rock, en situation critique, est nationalisée par le gouvernement britannique.
11 mars : Les banques centrales conjuguent de nouveau leurs efforts pour soulager le marché du crédit. La Fed se dit prête à fournir si besoin jusqu'à 200 milliards de dollars à certaines grandes banques.
16 mars : Le géant bancaire américain JP Morgan Chase annonce le rachat de Bear Stearns, pour seulement 236 millions de dollars, avec l'aide financière de la Fed. Le prix sera quintuplé une semaine plus tard.
Juillet/août : La pression monte sur Freddie Mac et Fannie Mae, les deux institutions américaines du refinancement hypothécaire, qui voient leur cours en Bourse s'effondrer.
7 septembre : Le Trésor américain annonce une mise sous tutelle gouvernementale de Freddie Mac et Fannie Mae, le temps que celles-ci restructurent leurs finances. Il garantit leur dette à hauteur de 100 milliards de dollars pour chacune de ces deux institutions. Les Bourses mondiales accueillent favorablement cette mesure.
15 septembre : La banque d'affaires Lehman Brothers annonce son placement sous la protection de la loi sur les faillites après l'échec de discussions initiées par la Réserve fédérale de New York pour la sauver. Simultanément, l'une des principales banques américaines, Bank of America, annonce le rachat d'une autre banque d'affaires de Wall Street, Merrill Lynch, pour 50 milliards de dollars. Dix banques internationales mettent en place un fonds de liquidité de 70 milliards de dollars pour faire face à leurs besoins les plus urgents. La Réserve fédérale américaine accepte de recevoir des banques des titres considérés comme risqués en échange de liquidités. Ces mesures n'empêchent pas les Bourses asiatiques et européennes de chuter lourdement alors que le dollar s'affaiblit sur les marchés des changes.


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