Les banques européennes ne se verront pas interdire les opérations pour compte propre à la différence de ce qui se produira pour certains établissements américains, fait savoir la Commission européenne. Toutefois, les produits titrisés et les dérivés, deux sources importantes de revenus pour les banques ces dernières années, seront surveillés plus étroitement par l'Union européenne, ont déclaré des hauts fonctionnaires. Un document européen préparé en vue de la réunion Ecofin des ministres des Finances de l'Union européenne, qui s'est tenue ce mardi, montre que les projets de Barack Obama ne font pas l'unanimité en Europe. Le plan du président américain - qui prévoit d'interdire à certains établissements les opérations de trading pour compte propre et de limiter leurs activités dans les fonds spéculatifs ou les fonds de capital investissement - s'oppose au modèle européen de banque universelle où cohabitent activité de détail et trading pour compte propre. Banques systémiques et d'interdire les opérations de trading pour compte propre seront étudiées de près par la Commission européenne mais il sera difficile de les reproduire en Europe, a fait valoir mardi Michel Barnier. Le nouveau commissaire au Marché intérieur, qui a également la responsabilité des services financiers en Europe, s'exprimait à l'issue de la réunion de l'Ecofin, qui réunit chaque mois les ministres des Finances des Vingt-Sept. "Je trouve très important que dans le cadre du mandat de la feuille de route du G20, il y ait des deux côtés de l'Atlantique le même volontarisme", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a également redit son intention d'agir de manière énergique pour réformer les structures financières sur le Vieux continent. "Sur le fond, nous n'avons pas les mêmes structures de système bancaire de part et d'autre de l'Atlantique et donc je ne dirais pas aujourd'hui que ce qui a été fait aux Etats-Unis peut être reproduit exactement dans les mêmes termes en Europe", a-t-il poursuivi. Il a ensuite suggéré que les risques auxquels l'Europe était confrontée ne portaient pas tant sur le champ d'activité ou la taille des banques que sur leur exposition réciproque. Michel Barnier a par ailleurs confirmé qu'il se rendrait courant avril à New York et Washington pour échanger avec les autorités américaines sur ces pistes de réforme ainsi que sur les autres grands dossiers qui seront à son agenda : supervision financière, réforme des règles en matière d'exigence de fonds propres des banques, encadrement du marché des dérivés. La ministre espagnole des Finances Elena Salgado, dont le pays préside l'UE ce semestre, a quant à elle redit que les propositions américaines, de même que celles qui ont été mises sur la table ces dernières semaines par d'autres pays, seraient étudies lors de la réunion informelle des ministres des Finances de l'UE, mi-avril à Madrid. La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont déjà fait savoir qu'elles ne voulaient pas copier les idées de Barack Obama, estimant qu'agir sur les contraintes de fonds propres était la meilleure solution. L'Union européenne va se pencher sinon sur la manière dont les banques ont conçu des produits titrisés pour la Grèce afin que sa dette publique s'en trouve minimisée. Pour le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn, les difficultés de la Grèce montrent qu'il y a eu implication de banques d'investissements. "Il faut voir si les règles ont été respectées", a-t-il dit, expliquant que les banques devaient vérifier si leur participation à de tels produits était conforme à leur code d'éthique. Les dérivés de crédit liés à la dette grecque, comme les swaps de défaut de crédit (CDS) seront également examinés. Certains ministres estiment que ces instruments ont été employés par les spéculateurs pour déstabiliser le marché. "Nous nous rendons compte qu'il nous faut plus de transparence sur les dérivés, en particulier les CDS sur dette souveraine. C'est une partie du travail que nous ferons dans les semaines qui viennent", a expliqué Michel Barnier.