L'euro dégringole et poursuit sa baisse baissait face au dollar, après des indicateurs américains donnant des signaux contradictoires sur l'état de la reprise aux Etats-Unis. Jeudi vers 14H00 GMT (15H00 HEC), l'euro valait 1,3567 dollar contre 1,3598 dollar mercredi vers 22H00 GMT, après être tombé à 1,3540 dollar vers 07H45 GMT, un plus bas en six jours. L'euro cédait également du terrain face au yen à 122,94 yens contre 124,06 yens la veille au soir. Les nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis sont remontées contre toute attente lors de la semaine achevée le 13 février, bondissant à 473'000, après avoir chuté à 442'000 la semaine précédente, ce qui pouvait pousser le dollar à jouer son rôle de valeur refuge. D'un autre côté, les prix à la production aux Etats-Unis ont augmenté plus que prévu en janvier, de 1,4%, tirés par une forte hausse des prix de l'énergie, des chiffres pouvant préfigurer une hausse de l'inflation, quoique le bond soit principalement due à la hausse des prix de l'énergie (+5,1%). Le billet vert, qui se rapprochait de son plus haut depuis le 19 mai 2009 atteint vendredi, semblait donc aussi poussé par des anticipations de hausses de taux d'intérêt. D'autant que la publication mercredi des minutes de la banque centrale américaine, la Fed, "ont montré un relèvement des prévisions de croissance économique (aux Etats-Unis) pour 2010", commentait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. La Fed a également annoncé un relèvement du taux d'escompte à 0,75%. C'est son premier mouvement sur les taux depuis décembre 2008 mais la banque centrale a souligné que cela n'entraînerait pas une hausse du coût de l'emprunt pour les entreprises et les ménages. Le taux d'escompte est celui qu'elle fixe aux banques en cas de financements d'urgence. La Fed n'a pas touché au taux des Fed funds qui reste dans un couloir de 0,0-0,25%. "A l'image de la cessation de plusieurs programmes de crédit exceptionnels ce mois-ci, ces changements visent à normaliser un peu plus les facilités de crédit de la Réserve fédérale", explique l'institut d'émission dans un communiqué. "Ces modifications ne devraient pas entraîner un resserrement des conditions financières pour les ménages et les entreprises et ne signalent aucun changement dans les perspectives de l'économie ou de la politique monétaire". Les futures boursiers et le marché obligataire ont reculé à l'annonce de cette décision, tout comme le marché de l'or, tandis que le dollar a monté notamment contre l'euro qui s'est retrouvé à un plus bas depuis mai. Les actions des grandes banques américaines ont reculé après la clôture de Wall Street. Le président de la Fed Ben Bernanke avait dit la semaine dernière que la banque centrale pourrait bientôt relever le taux d'escompte mais soulignait que cela ne reviendrait pas à un resserrement de la politique monétaire. Amelia Bourdeau, stratège changes d'UBS à Stamford, estime que malgré tout il est étonnant que la Fed ait agi si vite. "Le marché prend ça pour un resserrement et c'est pourquoi on voit le dollar se renforcer depuis". La banque centrale se montre plus optimiste envers la conjoncture économique depuis quelques mois mais elle estime que la reprise sera sans doute molle et elle pense que son taux d'intervention (Fed funds) restera au plus bas pendant "une période prolongée". Elle précise dans le communiqué accompagnant la hausse du taux d'escompte que les perspectives économiques et monétaires restent à peu près identiques à ce qu'elles étaient fin janvier, lorsque le Fomc avait réitéré son engagement envers les taux bas. L'euro était pour sa part pénalisé par les incertitudes persistantes sur les problèmes budgétaires de la Grèce et l'ampleur de la reprise économique dans la zone euro, soulignaient des analystes.