Sur le marché des devises, les cambistes font preuve d'une grande prudence sur la paire Euro / Dollar, alors que les inquiétudes sur la capacité de la Grèce à refinancer sa dette se font persistantes. Acculée sous les 1.36$, la monnaie unique paie les rumeurs sur une possible activation à court terme du système d'aide financière à l'Etat hellène, en proie à de redoutables difficultés budgétaires. L'Euro avait fortement rebondi en début de semaine dans le sillage du dévoilement des détails du plan d'aide à la Grèce, système qui prévoit des prêts bilatéraux de la part d'autres membres de la Zone Euro, et si besoin du Fonds Monétaire International. L'euro creusait en effet hier ses pertes face au dollar, retombant autour du seuil de 1,35 dollar pour la première fois depuis lundi. Vers 13H15 GMT (15H15 HEC), l'euro valait 1,3504 dollar contre 1,3574 dollar jeudi à 21H00 GMT, après être tombé à 1,3497 dollars auparavant, franchissant ainsi à la baisse le seuil de 1,35 pour la première fois depuis lundi. L'euro baissait également face à la monnaie nippone à 125,07 yens contre 126,33 yens la veille. Le dollar perdait également du terrain face au yen à 92,64 yens contre 93,06 yens jeudi. "La situation grecque continue à ébranler l'euro", commentait Stuart Bennett, analyste chez Crédit Agricole CIB. Et tout commentaire ou nouvelle sur la Grèce semble négatif, poursuivait l'analyste, "que se soit du fait de spéculations sur une éventuelle annulation d'une émission obligataire en dollar si celle-ci ne suscite pas assez d'intérêt ou de commentaires du ministre des Finances grec sur des discussions avec la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan d'aide pluri-annuel". Ces discussions devraient débuter la semaine prochaine et ainsi "continuer à peser sur la monnaie unique, (...) et même entraîner l'euro sous 1,35 dollar", prévenait M. Bennett. "La tendance récente d'un sentiment mitigé à l'égard de l'euro persiste, les marchés se montrant à nouveau moins confiants, sur fond de craintes renouvelées que le plan d'aide ne suffise pas à masquer les problèmes sous-jacents de la zone euro", abondait Jon Beddell, analyste du cabinet TorFX. La situation grecque devait être abordée à l'occasion d'une réunion des ministres de la zone euro vendredi à Madrid, en prélude à la réunion informelle des ministres européens de l'Economie et des finances (Ecofin) ce week-end dans la capitale espagnole. La ministre espagnole de l'Economie Elena Salgado a prévenu qu'il "y aura peut-être un commentaire sur la Grèce lors de l'Eurogroupe, mais (qu')il n'y a aucune décision à attendre aujourd'hui (vendredi)". De son côté, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker a déclaré qu'il n'y a pas d'indices laissant penser que la Grèce pourrait demander vendredi l'activation des dispositifs d'aide financière européenne. Autre indicateur surveillé par le marché, la première estimation de l'indice de confiance des consommateurs américains pour avril sera publiée par l'université du Michigan à 13H55 GMT. Parallèlement à ces craintes sur l'euro, le billet vert était soutenu par un indicateur encourageant pour la santé de l'économie américaine : les chiffres de la construction de logements en mars aux Etats-Unis, publiés ce vendredi, se sont révélés bien meilleurs que prévu, avec 626.000 mises en chantier en rythme annuel, quand les analystes n'en attendaient que 610.000. Vers 13H15 GMT, la livre britannique était presque stable face à l'euro à 87,57 pence pour un euro, et reculait face au dollar à 1,5458 dollar. La monnaie helvétique progressait face à l'euro à 1,4339 franc suisse pour un euro, mais baissait face au dollar à 1,0622 franc suisse pour un dollar.