Les pesticides obsolètes menacent les équilibres environnementaux dans le continent noir. Ainsi, selon un rapport du Programme africain relatif aux stocks de pesticides obsolètes (PASP), la quantité de pesticides obsolètes disséminés à travers l'Afrique est estimée à environ 50 000 tonnes. Le PASP qui vient d'organiser une rencontre à Bamako pour trouver une solution permettant d'éliminer définitivement ces produits estime que ces derniers sont dangereusement stockés dans des pays africains depuis plus de quarante ans. Pour le cas précis du Mali, les estimations font état de plus de 1 100 tonnes de pesticides obsolètes et déchets apparentés répertoriés sur 267 sites. Dans bien de cas, ces produits dangereux se trouvent dans de mauvaises conditions de stockage car parfois abandonnés en plein air ou gardés dans des magasins inadaptés près de zones habitées ou de points d'eau. C'est pour débarrasser l'Afrique de ces menaces sanitaires et environnementales que le PASP a été conçu par des ONG internationales (WWF, Pesticide action network et le CropLife international) avec l'appui de partenaires au développement comme la Banque mondiale et la FAO. La rencontre de Bamako visait à partager l'information sur les progrès enregistrés dans la lutte contre les pesticides obsolètes. Elle a rassemblé des représentants d'ONG, d'organisations intergouvernementales, du secteur privé des pays concernés par la phase I du PASP (Afrique du Sud, Ethiopie, Mali, Maroc, Nigeria, Tanzanie, Tunisie) ainsi que de partenaires au développement. Le Mali et la Tunisie ont finalisé leur évaluation environnementale et ont démarré le processus de recrutement d'une entreprise d'élimination des pesticides obsolètes. Toutefois, de nombreux observateurs pensent que la mise en place d'instruments juridiques internationaux est également nécessaire pour limiter les effets négatifs des pesticides. Pour rester à Bamako qui abrite le forum sur la sécurité alimentaire en Afrique, il est utile de noter que le Premier ministre du Mali, Modibo Sidibé, s'est déclaré convaincu que l'Afrique peut nourrir ses propres enfants. Pour le chef du gouvernement malien, l'une des conditions à la réalisation de cette ambition est la libération de l'initiative paysanne. "Il faut prendre des initiatives qui peuvent libérer les producteurs, les responsabiliser et de les accompagner pour que l' Afrique puisse libérer sa capacité de se nourrir", a-t-il précisé. Au cours des débats qui ont suivi cette intervention, plusieurs participants ont estimé que l'avènement de la démocratie, les changements de politiques économiques, la mondialisation de l'économie et les nouvelles technologies de l'information et la biotechnologie constituent des atouts pour la relance de la production agricole en Afrique. Mais, à condition que "l' agriculture devienne une priorité budgétaire pour les Etats et les bailleurs de fonds", souligne M. Diarra, un responsable de la soci été civile malienne. Pour sa part, Bassary Touré, vice-président de la Banque ouest- africaine de développement (BOAD) et ancien ministre de l'Economie du Mali, a déploré que, malgré les financements reçus, malgré les ressources humaines formées et déployées et malgré les multiples programmes et projets, "le continent, le Mali particulièrement, doit faire face à un phénomène de paupérisation grandissant". Cette analyse n'est pas partagée par le Premier ministre Modibo Sidibé qui a relevé que des "milliers peut-être des centaines de millions d'enfants de l'Afrique ont été sauvés de la mort avec l' extension de la couverture vaccinale" et que le Mali a "pu atteindre 86% de taux de scolarisation". Pour lui, l'une des clés pour construire l'avenir réside dans une jeunesse bien éduquée et bien formée en adéquation avec les besoins de développement du pays.