“Faire face à la pénurie de l'eau”, c'est le thème de la Journée mondiale de l'eau qui sera célébrée aujourd'hui 22 mars. Pour cette quinzième édition, les Nation unies ont souhaité faire ressortir la nécessité de renforcer la coopération, tant au niveau international que local, pour protéger les ressources mondiales en eau. Et c'est la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, qui a la mission, cette année, de célébrer ce bien précieux. Les pénuries d'eau, l'or bleu qui fait déjà défaut à plus d'un milliard d'humains, pourraient en affecter trois fois plus sous l'effet du réchauffement climatique, préviennent les experts mondiaux sur le climat. D'ores et déjà, l'Unesco rappelle, à l'occasion de cette journée mondiale de l'eau, qu'une personne sur quatre dans le monde n'a pas accès à l'eau potable. En préambule à cette journée, la FAO tient donc à rappeler que d'ici à 2025, 1,8 milliard de personnes vivront dans des pays ou des régions confrontés à une grave pénurie d'eau. Et les deux tiers de la population mondiale, vivront eux, dans des conditions de stress hydrique. L'utilisation de l'eau a augmenté, au cours du siècle dernier, deux fois plus rapidement que la croissance de la population. La gestion durable des ressources en eau est donc un défi majeur pour l'avenir de la planète. Faire face à la pénurie d'eau nécessite de traiter tout un ensemble de problèmes : la protection de l'environnement, le réchauffement planétaire ou encore la répartition équitable de l'eau entre l'irrigation, l'industrie et les ménages. L'agriculture est le plus gros utilisateur d'eau dans le monde. Près de 70% de l'eau qui est prélevée dans les lacs, les cours d'eau ou les nappes phréatiques servent à l'irrigation des terres cultivées. La FAO souligne bien évidemment que les pénuries d'eau sont plus sévères dans les régions du monde les plus sèches où vivent plus de deux milliards d'habitants. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, par exemple, la plupart des pays souffrent de sévères pénuries d'eau, c'est le cas de l'Algérie , du Maroc, de la Tunisie, de la Libye et de l'Egypte. De son côté, le groupe intergouvernemental d'experts sur le changement climatique (Giec), qui a prédit en février une hausse de 1,8 à 4° de la température moyenne planétaire d'ici 2100, rendra, le 6 avril prochain à Bruxelles, ses conclusions sur les impacts prévisibles du phénomène. Les scientifiques estiment avec un degré de confiance élevé (8 chances sur 10) que pour une hausse de 2° des moyennes planétaires, les ressources en eau diminueront alors que les besoins d'irrigation augmenteront, que les sécheresses seront probablement (à 65%) plus fréquentes et qu'elles affecteront des régions aujourd'hui semi-arides. Si le thermomètre mondial devait grimper de 4°C supplémentaires, ce seront jusqu'à 3,2 milliards de personnes qui seraient en manque d'eau. Pour sa part, l'Unesco a estimé dans un rapport publié en 2006 (UN World Water Development report) que d'ici moins de 25 ans, les deux tiers des habitants de la planète résideraient dans des pays connaissant de graves problèmes d'approvisionnement en eau, spécialement en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Afrique. La rareté en eau commence à moins de 1 000 m3 par jour et par personne, selon le standard de l'Onu qui reconnaît cependant que d'ores et déjà, de nombreuses régions du monde (Afrique, Asie centrale mais aussi sud-ouest des Etats-Unis et sud-est de l'Australie) vivent en situation de pénurie chronique avec 500 m3/jour/personne. Par ailleurs, la multiplication des précipitations extrêmes devrait augmenter les inondations et favoriser la contamination des ressources en eau douce. Les ressources souterraines - la péninsule arabique en dépend à 80% -, l'eau des puits est celle utilisée pour irriguer, seront par ailleurs menacées par la salinisation, sous l'effet conjugué des sécheresses et de l'élévation du niveau des océans qui favorisera l'intrusion des eaux salées, estiment les experts du GIEC. Maintenant que le constat est fait, la communauté internationale disposant du savoir-faire pour pallier la pénurie d'eau, doit agir et vite !