Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université en management stratégique Conseiller des Ministères Energie 1974/1979- 1990/1995- 2000/2006 III.-Pour un audit des immobilisations corporelles et incorporelles Il est à rappeler que sur le plan strictement comptable, les immobilisations corporelles comprennent le terrain, les constructions, les installations techniques, matériel et outillage industriels, ainsi que les installations générales, agencements, matériels de transport, matériel de bureau et matériel informatique, mobiliers, emballages récupérables. Dans la comptabilité des sociétés, ne sont pris en compte que les biens dont l'entreprise est propriétaire, les biens corporels loués ne figurant pas à l'actif ce qui constitue une lacune importante que certaines entreprises internationales comblent en général pour ne pas avoir un bilan biaisé. Quant aux immobilisations incorporelles, elles comprennent les frais d'établissement, les frais de recherche et développement, les concessions et droits similaires, brevets, licences, marques, procédés ainsi que le droit au bail commercial. Ces immobilisations sont souvent traitées d'une manière superficielle alors qu'elles sont déterminantes pour une entreprise comparable à Sonatrach ce qui renvoie d'ailleurs au nécessaire renouveau du plan comptable national. A court terme pour Sonatrach il s'agit de préparer un audit opérationnel du patrimoine existant, en le réactualisant à la valeur du marché. Cela est fondamental actuellement car base de la transparence de la gestion de l'entreprise. Parallèlement un audit technologique et des moyens matériels (fixes et roulants) qui permettront de rentabiliser ce qui existe car le poste services (paiement des connaissances étrangères l'expert national pour le même travail étant rémunéré actuellement, et cela n'est pas propre à Sonatrach, parfois à dix fois moins que l'étranger) et l'immobilisation du parc roulant notamment au niveau de Naftal, sont inquiétants. Et surtout de préparer l'avenir au cas où Sonatrach opterait pour l'option de développement tant en amont qu'en aval -noyau dur de l'entreprise en se spécialisant dans ses métiers de base-ce qui supposera d'importants moyens technologiques, financiers et humains tant pour l'exploration, la production et la commercialisation. ( analyse de l'efficacité et la performance des sociétés de forage, de géophysique, de construction et de services aux puits). Il est entendu que pour les autres activités existantes, comme le raffinage, le transport, la transformation et la distribution, seuls les audits pourront tracer les actions concrètes à mener en envisageant soit d'internaliser l'activité soit de l'externaliser avec une priorité au profit des cadres et travailleurs du secteur de certaines activités ou le partenariat afin d'éviter la dispersion source de gaspillage des ressources et d'inefficience de l'entreprise. L'objectif est donc d'évaluer le degré de compétitivité des outils, équipements et immobilisations utilisés dans le contexte d'évolution technologique international. Cette opération d 'audit consistera à rassembler l'information sur les caractéristiques techniques, et les conditions de fonctionnement des équipements et de gestion des immobilisations, évaluer ses équipements et immobilisations corporelles et non corporelles, le niveau des stocks dormants, (objectif stock zéro) ces derniers donnant une comptabilité déconnectée de la réalité économique supposant de connaître le niveau d'automatisation, le niveau de performance, les besoins de maintenance non satisfaits, la pertinence des investissements réalisés et enfin la compétence du personnel utilisateur. Cela permettra d'analyser les forces et faibles ses technologiques des équipements, les alternatives stratégiques sur les programmes d'investissements, le besoin de formations techniques et d'acquisition de savoir-faire et enfin le niveau de maîtrise de la gestion des moyens matériels et des stocks. Ces analyses précédentes supposent un système d'information sous forme de réseaux, base de toute action concrète dont l'informatisation en est la base sous réserve de banques de données fiables et donc de nouvelles formes d'organisation de l'entreprise tenant compte des mutations mondiales : passage de l'organisation de type hiérarchique époque du XXème siècle jusque dans les années 1970 dominantes en Algérie pour plus de 90% des entreprises économiques publiques et privées, sans compter les organisations des administrations et des services collectifs ayant un système de gestion du XIXème siècle rendant impossible d'évaluer l'effet de la dépense publique, traduisant l'état du sous développement et pouvant conduire à des dépassements, donc largement dépassée, à l'organisation divisionnelle , puis matricielle et récemment à l'organisation en réseaux qui est l'organisation de l'avenir .
IV Sonatrach devra avoir un système d'information en temps réel L'objectif est d'optimiser les conditions de mise en œuvre des options stratégiques. Ce module dans le plan d'action supposera la description des opérations suivantes: évaluer l'efficacité de la structuration actuelle en fonction des axes stratégiques de Sonatrach, envisager des structures organisationnelles plus adaptées à ses missions, évaluer les systèmes d'information quant à leur efficacité sur le plan délai, coût et atteinte des objectifs. Cela impliquera l'analyse et le test d'efficacité des structures et organigrammes existants, de leur compatibilité avec les contraintes existantes, l'évaluation des circuits et analyser les supports d'information de gestion afin de raccourcir les délais source de surcoûts et des propositions concrètes pour améliorer l'organisation. Car Sonatrach est parmi les pays de l'OPEP qui connaît les coûts de production les plus élevés certes pour des raisons techniques, les gisements depuis de longues décennies d' Hassi Messaoud (pétrole) et Hassi R'mel (gaz) n'étant pas inépuisables, mais également organisationnelles. Une baisse du coût entre 15 et 20% de Sonatrach pour 2008 aurait permis une économie en rapport au chiffre d'affaires entre 12 et 16 milliards de dollars et le ratio appliqué au programme de 200 milliards de dollars de dépenses publiques clôturées à 200 milliards de dollars entre 30 et 40 milliards de dollars, de quoi créer plus de un million de logements et améliorer le niveau de vie de millions d'algériens. Ce n'est qu'à ces conditions que l'on pourra proposer des structures organisationnelles mieux adaptées à la mission et aux contraintes de Sonatrach, de définir la structure des responsabilités et de concevoir un système d'information efficace, comme indiqué précédemment fonctionnant sur le principe de réseaux. Par voie de conséquence cela nous amène à l'urgence de centres de coûts transparents en temps réel et des nouvelles règles du droit des affaires (droit des sociétés).
V- Pour des centres de coûts transparents, un audit de la gestion des contrats et des ressources humaines L'objectif est l'évaluation objective du bilan des contrats toujours en termes de standards internationaux , du partenariat et l'impact de la généralisation des avis d'appel d'offres et des contrats gré à gré prévus par la loi, l'évaluation de la position financière de Sonatrach, ses perspectives et sa structure des coûts d'exploitation, tenant compte des points précédents (comparaisons internationales). Cela passera nécessairement par la description des opérations suivantes : évaluation de la position financière : structure du bilan, charges (produits..), de la reconstitution des centres de coûts pour l'exploitation, de l'évaluation des systèmes de gestion et de l'identification des centres de coût - selon les principes de la comptabilité analytique qui devra être généralisée. La mise en place de ces instruments nécessaires dans toute entreprise d'envergure internationale, devrait permettre une amélioration de la gestion des contrats et du développement du partenariat, des projections économiques et financières et enfin la simulation / modélisation, ces actions devant aider à la prise de décision en temps réel. Car donner un bilan consolidé de Sonatrach , comme actuellement à travers des comptes de transferts entre les différentes directions et structures, ne permet pas de cerner l'efficacité économique. Dans ce cadre, je ne saurai trop insister d'un nouveau statut des commissaires aux comptes étant devenus des fonctionnaires des conseils d 'administration, en prévoyant en urgence une rotation régulière obligatoire ne devant pas dépasser trois à cinq ans tant au niveau de la direction générale de Sonatrach, que de toutes ses unités détenues à 100% que ses filiales. Quant à la gestion des ressources humaines fondement de l'efficacité de Sonatrach, il y a lieu de revoir les méthodes de promotion actuelles qui n'ont pas eu les effets positifs sur le terrain, encore que les intentions étaient parfois bonnes, ainsi que la mise en retraite anticipée des cadres ayant atteint l'âge de 60 ans ce qui est une aberration et a fait fuir de nombreuses compétences hors Sonatrach sans que n'était préparée la relève. Aussi l'objectif est-il d'évaluer et de rendre plus performant les ressources humaines, par une formation permanente impliquant un audit mettant en relief nettement la typologie du personnel existant, l'adéquation de la formation aux besoins de Sonatrach, la disponibilité des compétences adéquates et politiques de recrutement, l'évolution de la productivité du travail et appréciation des mesures d'incitation, et enfin l'évaluation du climat et de la culture d'entreprise de Sonatrach (audit social et audit de la culture liés au renouveau du système d'information) dont la prise en compte -au profit des travailleurs- d'une gestion plus rationnelle des importantes sommes des œuvres sociales que consacre annuellement Sonatrach.