Le torchon brûle entre l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) et les éleveurs producteurs de lait cru. Les éleveurs n'ont pas perçu depuis novembre dernier les primes de subvention accordées par l'Etat et dont le versement est pris en charge par l'Onil. Les éleveurs, dans plusieurs wilayas, ont interpellé les pouvoirs publics qui d'ailleurs ont réagi en accordant à l'Onil un délai d'un mois pour assainir la situation. Par ailleurs, la non maîtrise du nouveau système de payement serait à l'origine du retard accusé dans le versement de ces primes , explique-t-on. Rappelons que le paiement de la subvention, qui était auparavant trimestriel, se fait désormais mensuellement et en aval. La décision du ministère de l'Agriculture de confier cette mission à l'Onil a pour objectif de rendre le paiement des opérateurs concernés " plus rapide" , en vue de les encourager à adhérer massivement au programme national d'intensification de la production laitière. Quelque 20.000 opérateurs (producteurs, collecteurs et transformateurs) sont concernés par cette aide et l'Onil a tablé sur 40.000 adhérents fin 2009 . Les éleveurs ne sont pas au bout de leurs peines puisque d'autres problèmes entravent le développement de leur métier. Le prix de l'aliment du bétail et des fourrages ont augmenté de façon considérable. Et dire que l'Algérie ambitionne de porter sa production de lait cru à plus de 3 milliards de litres par an à l'horizon 2014, soit plus de 7,7% en moyenne annuelle. De ce fait, 500 millions de litres de lait cru devront être collectés cette année par l'Office national interprofessionnel du lait , c'est ce qu'a indiqué récemment son directeur général, Hafid Djellouli. Il est vrai que la production nationale,a augmenté de façon notable au cours des années 2000,elle avoisinerait les deux milliards de litres, cependant, la collecte n'aurait pas dépassé l'an dernier 220 millions de litres, la plus grosse part étant destinée à un usage domestique, L'Algérie est un important consommateur de lait : 110 litres par habitant et par an et une consommation nationale qui s'élève à plus de trois milliards de litres. Jusque-là , l'Algérie est contrainte d'importer des quantités massives de lait, dont une grosse partie sous forme de lait en poudre qui coûte de plus en plus cher. En d'autres termes, il y a un réel besoin de développer la production de lait cru. Après une dizaine d'années d'insécurité qui a freiné le développement économique du pays, le gouvernement a lancé en 1997 un plan de développement de la production laitière qui a permis à de jeunes ruraux d'investir ce créneau. Il comporte des aides à l'importation de vaches laitières - un programme de 50 000 vaches laitières a été lancé avec l'acquisition de matériel, à la création de centres de collecte, de laiteries… Cependant, la substitution de lait cru à la poudre de lait importée s'avère être une entreprise difficile. Les objectifs tracés sont loin d'être atteints ", La collecte d'une production atomisée, souvent d'accès difficile, reste en effet une gageure.