L'opération de recasement des familles, habitant le bidonville Boutane à Khemis Miliana, reportée à plusieurs reprises, a été lancée durant cette semaine avec le relogement de 18 familles sur les 41 existants. Effectivement, des sources autorisées ont indiqué que la liste établie par la commission en charge du dossier a recensé 43 familles seulement, en éliminant 14 autres familles. Les habitants de cette localité ont refusé catégoriquement cette opération de recasement, sous prétexte qu'elle est injuste et imméritée. Selon la même source, le nombre élevé des bénéficiaires à été revu à la baisse. Composée au départ de 57 familles selon le chef de daïra intérimaire, la liste ne devait en comprendre qu'une quarantaine, a ajouté notre interlocuteur. Signalons que des représentants de ces familles ont rencontré le chef de daïra au cours du mois d'octobre pour lui exprimer l'inquiétude des familles quant à ce report. Par ailleurs, on apprend de sources sûres que les concernés ne comptent pas rester les bras croisés en cas de dépassement espérant des pouvoirs publics que la future opération, du reste imminente, ne fera pas d'exclus et sera empreinte d'équité. Pour rappel, ces familles habitent ce quartier aux maisons vétustes depuis plusieurs années et attendent cette opération salutaire depuis longtemps. Les familles recensées habitant des maisons précaires et non illicites bénéficieront d'une prise en charge en conformité avec les lois en vigueur en matière de relogement. Une centaine de familles, occupant ce bidonville, implorent les autorités locales de se pencher sur leur lamentable situation. Une situation qui dure depuis 30 ans, date à laquelle a vu le jour ce site d'habitations précaires édifié sur les restes d'un ex-domaine agricole, ayant appartenu durant la période coloniale à un certain monsieur Boutane. Ce site a été aménagé et reconstruit par les responsables et distribué par le défunt Houari Boumediene. Certaines familles ont fait des extensions, suite a une crise de logement, des baraques à l'ossature incertaine, faites de bric et de broc, en somme des baraques sordides, rappelant les tristement célèbres favelas. Les pensionnaires, toutes des familles nombreuses, sont originaires de la ville, alors que d'autres viennent des régions avoisinantes, à l'exemple de Bir Ouled Khalifa, Bordj Emir Khaled et Oued Djemaa, et une bonne partie de Ain Sultane et Sidi Lakhdar. "Nous avons fui le terrorisme", se justifie la majorité des occupants que nous avons interrogés lors d'une virée sur le site. "Ma vie et celle de mes enfants étaient en danger, nous devions soit rester dans notre douar et vivre ainsi sous la menace quotidienne d'une mort certaine, soit nous enfuir. J'ai opté pour la survie de ma famille, d'où ma venue ici", nous confie un père de 7 enfants venu de Oued Djemaa , une région infestée par les sanguinaires du GIA dans les années 1990. Son voisin, occupant un espace d'à peine 10 m2 , vient, de Bir Ouled Khalifa. "Nous dormons tous dans cet espace-là. Notre intimité est bafouée dans la mesure où nous ne pouvons même pas nous changer. Pour ce faire, je suis obligé de sortir à l'extérieur. Nous n'avons même pas les moyens de séparer cette chambrette afin de permettre à mes filles et mes garçons, adultes, de dormir séparément", déplore encore ce chef de famille dont la baraque est construite sur un talus. Subissant les affres de la canicule à cause de la toiture faite de tôles ondulées, et le froid de l'hiver, ces familles se considèrent en danger permanent, notamment dès que les premières pluies font leur apparition. Les allées tortueuses, en pente, deviennent de véritables bourbiers. Les pluies s'y déversent à grands torrents, causant des dégâts incommensurables. Ces familles ont été toutes relogées, par ailleurs celles qui comptent beaucoup de membres ont refusé cette opération et insistent sur la régularisation juste pour le cas. Ce père de 12 enfants, installé sur le site il y a 30 ans, occupe une "maison de luxe" "Je n'ai pas cessé d'interpeller les responsables de l'APC de nous trouver une solution, en vain. Mes incessantes demandes d'audience faites au Président de l'APC sont restées lettre morte. Alors je me suis débrouillé en construisant ma propre maison avec plus de 6 chambres afin de mettre mes enfants à l'aise, et voilà aujourd'hui, je suis sous la menace de me trouver avec mes enfants dans un F3. Je crains que si rien n'est entrepris par les autorités locales, nous agirons avec fermeté", ajoute-t-il en exhibant son bâton. Le P/APC, contacté dimanche par nos soins, nous fera savoir cependant qu'un recensement du site Boutane sera à nouveau réétudié, cas par cas, par la commission afin de régler ce problème une fois pour toute. " Nous régulariserons ceux qui sont vraiment dans le besoin mais pas les "beznassia", nous dira-t-il. "Le chef de daïra, veut coûte que coûte démolir les lieux et reloger ces familles dans des F 3 sans prendre en considération leurs besoins et leurs revendications", explique Hamouda un jeune de 34 ans humilié par ce responsable.