À moins de trois mois des prochaines élections législatives, lord Ashcroft, le vice-président du Parti conservateur, a reconnu qu'il ne payait pas d'impôts en Grande-Bretagne. Michael Ashcroft, vice-président du parti conservateur britannique et l'un de ses principaux donateurs, a déclaré lundi qu'il ne payait pas d'impôts en Grande-Bretagne, mais qu'il commencerait à le faire si son parti remportait les élections. Le baron Michael Ashcroft, milliardaire, 37e fortune du royaume et membre de la Chambre des lords a précisé dans un communiqué qu'il avait le statut de non-résident fiscal, ce qui l'exempte de payer des impôts sur ses revenus venant de l'étranger. Ce privilège est normalement réservé aux non-Britanniques qui n'ont pas l'intention de passer toute leur vie en Grande-Bretagne. Le chef de file du parti conservateur, David Cameron, a été interpellé à de nombreuses reprises ces derniers mois pour que soit clarifié le statut de M. Ashcroft. Membre de la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement britannique, Michael Ashcroft a fait don de millions de livres sterling aux Tories et mène campagne pour remporter les sièges qui pourraient l'être aux prochaines élections nationales. Néanmoins, cette révélation met David Cameron dans une position inconfortable, alors que l'avance sur Gordon Brown a fondu comme neige au soleil. Depuis quelques mois, David Cameron et son numéro deux, William Hague, restaient évasifs quand les médias les interrogeaient sur ce sujet. Lundi, le leader des tories a tenté de minimiser l'affaire, expliquant "que les questions que se posaient les gens ont maintenant une réponse" et qu'on pouvait maintenant "se concentrer sur la campagne électorale". Malgré ces dénégations, l'épisode porte un coup dur à l'image de Cameron, qui a rappelé à de nombreuses reprises son intention de nettoyer la politique après le scandale des notes de frais des députés. Pendant plus de deux ans, les conservateurs ont caracolé en tête des sondages, avec jusqu'à 20 points d'avance sur le Labour mais la situation est devenue critique depuis quelques jours. Une enquête publiée dimanche par le Sunday Times donnait même les travaillistes vainqueurs des législatives que le premier ministre doit organiser avant le 3 juin, et qui auront probablement lieu le 6 mai. Lord Ashcroft est un homme clé dans le dispositif électoral des tories. Il a été chargé par Cameron de superviser la campagne dans les dizaines de circonscriptions que la droite doit absolument remporter si elle veut avoir la majorité à la Chambre des communes. Lord Ashcroft décide non seulement de la stratégie électorale dans ces régions où l'avance des travaillistes ou des libéraux démocrates avait été très marginale lors du dernier scrutin en 2005, et il met aussi en jeu sa fortune personnelle pour payer de nombreux frais de campagne. En dix ans, il a déjà donné plus de quatre millions de livres aux conservateurs, dont il est de loin le plus généreux donateur. Le ministre de l'Intérieur Alan Johnson a accusé les tories d'être "financés par quelqu'un dont le comportement est antipatriotique." Peter Mandelson, ministre du Commerce et numéro deux du gouvernement a demandé à la Chambre des lords, dont il fait partie, d'ouvrir une enquête sur le statut fiscal de lord Ashcroft et sur la manière dont il avait été anobli. Mais la commission d'entrée à la haute chambre s'est déclarée incompétente sur ce point, car elle n'existait pas encore quand Ashcroft a fait son entrée au Parlement en 2000. En 1999, la première demande d'anoblissement faite pour le riche homme d'affaires avait été rejetée par une commission de vérification qui lui avait reproché de passer la majeure partie de son temps au Belize, un petit État d'Amérique centrale dont il est citoyen et où sont domiciliées ses principales entreprises, et de mener presque toutes ses activités financières en dehors du territoire britannique. En 2000, Michael Ashcroft avait finalement reçu le titre de baron, après avoir promis à William Hague, alors leader conservateur, de devenir "résident permanent au Royaume-Uni."