Le nouveau Premier ministre britannique David Cameron est arrivé mercredi au 10 Downing Street, au lendemain de sa nomination par la reine Elizabeth II. Le chef des conservateurs a ensuite accueilli avec une poignée de mains et un grand sourire son nouveau partenaire, le vice-Premier ministre Nick Clegg, devant de nombreux flashes de photographes. La journée a été consacrée à la composition du futur gouvernement, issu d'une coalition avec les libéraux-démocrates de Nick Clegg. Le nouveau cabinet va s'attaquer immédiatement au déficit record de 153 milliards de livres sterling (236 milliards de dollars, 180 milliards d'euros). On ignorait si les LibDem approuveraient le plan des Tories pour lancer des coupes immédiates dans les dépenses. A 43 ans, David Cameron est le plus jeune Premier ministre qu'ait connu la Grande-Bretagne en près de 200 ans: avant lui, Lord Liverpool avait occupé ce poste à 42 ans en 1812. Nick Clegg et quatre autres libéraux-démocrates vont être nommés ministres. Chez les Tories, leur ancien chef William Hague devrait prendre la tête du Foreign Office (diplomatie), le député George Osborne s'occuperait du Trésor, tandis que Liam Fox, un député farouche avocat du maintien de la force de dissuasion nucléaire britannique, irait à la Défense. MM. Cameron et Clegg ont reconnu que le Labour, au pouvoir pendant les 13 dernières années, était trop étroitement lié aux intérêts américains. Ils ont tous deux soutenu la guerre en Afghanistan, mais David Cameron espère retirer les troupes britanniques d'ici cinq ans. Les relations avec les voisins européens pourraient devenir problématiques. Le Parti conservateur est profondément eurosceptique et s'est retiré d'une alliance avec les partis d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy. Nick Clegg, ancien député européen, est depuis longtemps pro-européen. Les deux camps ont fait des compromis et David Cameron a promis à son vice-Premier ministre qu'il y aurait un référendum sur une de ses principales demandes: la réforme du mode de scrutin afin d'introduire une dose de proportionnelle. "Avec Nick Clegg, nous sommes des responsables politiques qui veulent mettre de côté les divergences de parti et travailler dur pour le bien commun et les intérêts de la nation", a souligné mardi le nouveau Premier ministre. De son côté, le Labour va devoir trouver un remplaçant à Gordon Brown, qui a présenté mardi sa démission du 10 Downing Street. L'ancien ministre des Affaires étrangères David Miliband est donné favori pour lui succéder à la tête du parti. En attendant une élection, l'adjointe de Brown, Harriet Harman, assure l'intérim. A peine sa nomination à la tête du gouvernement britannique annoncée, David Cameron s'est vu féliciter par les grands de ce monde qu'il sera amené à côtoyer régulièrement dans ses nouvelles fonctions. Rappelant que "les Etats-Unis n'ont pas d'ami et d'allié plus proche que le Royaume-Uni", le président américain Barack Obama s'est dit "heureux d'appeler David Cameron pour lui présenter à titre personnel ses félicitations pour sa campagne (électorale) couronnée de succès". Obama, qui a personnellement appelé David Cameron par téléphone, a "réitéré son engagement fort et personnel à la relation privilégiée entre deux pays, un lien qui a perduré depuis des générations et qui est essentiel pour la sécurité et la prospérité de deux pays, ainsi que du monde". Il a invité le nouvel homme fort britannique aux Etats-Unis en juillet. Selon un porte-parole, les deux hommes ont également évoqué l'Afghanistan, le processus de paix au Proche-Orient et l'Iran.