Selon la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya de M'sila, l'élevage de chameaux est en train d'être revivifié. Ainsi selon les chiffres de la DSA on peut relever un "accroissement des effectifs du cheptel camelin local qui est passé de 1.000 à 1.500 têtes entre le début de la décennie et l'année 2010". Ce cheptel appartient à 58 éleveurs qui ont réussi à résister à des conditions difficiles, liées surtout au manque de terrains de parcours et à l'élévation des prix des fourrages. Le recul de l'abattage des chamelons et la régression de la consommation de leur viande du fait du renchérissement de son prix (plus de 500 le kg) ont contribué à cette reprise de croissance des troupeaux de camélidés, a souligné la même source, relevant que la consommation de la viande cameline se limite actuellement à de rares dégustateurs appréciant surtout le plat traditionnel de la chekhchoukha au Mekhloul (chamelon). L'augmentation du prix des poils de chameaux utilisés pour la confection des célèbres kachabias et burnous, cédés entre 4.000 et 9.000 DA le kg a également favorisé cette tendance, a-t-on encore estimé à la DSA. Les éleveurs camelins exploitent comme parcours les espaces traditionnellement utilisés par les anciens éleveurs notamment dans les régions d'Ouled Madhi, M'cif, Benzouh et Maârif qui concentrent, respectivement, des troupeaux de 382, 256 têtes, 246 et 235 têtes. Toutefois, plus l'on se dirige vers le nord, plus la taille des troupeaux diminue pour atteindre 39 bêtes à Sidi Hadjeres, 33 à Sidi Aïssa et à peine 3 à Boutti Essayeh, a-t-on indiqué de même source. Les services locaux en charge du secteur agricole font, par ailleurs, état de l'annulation de la prime de 20.000 DA accordée aux éleveurs de chameaux pour chaque nouvelle naissance et ce, "en l'absence de mesures à même d'empêcher l'abattage des chamelons". La présence dans les effectifs camelins de 1.122 chamelles et 72 mâles géniteurs ainsi que 359 chamelons laisse augurer d'une reprise qui s'annonce soutenue de la croissance des troupeaux de chameaux, a-t-on cependant indiqué à la DSA. La régression des parcours du fait de l'érosion et l'absence de l'hydraulique steppique sur les terrains d'élevage de chameaux représentent les principaux problèmes rencontrés par les éleveurs, notamment à Ouled Madhi, Maârif et M'cif. Les éleveurs mettent également en cause "l'hostilité que leur manifestent les éleveurs de moutons qui redoutent les effets nuisibles pour la flore steppique à cause d'une forte présence de chameaux dont l'urine, localement appelé B'khakhe, empêcherait, selon eux, la régénération des parcours pour une longue période. Les éleveurs de chameaux tiennent bon, malgré tout, en souhaitant que les pouvoirs publics "rétablissent et augmentent la prime du chamelon" et leur facilitent l'accès à l'aliment de bétail en cas de sécheresse. Il faut dire que l'effectif camelin en Algérie a été évalué à 140.000 têtes. Celui-ci a connu une forte régression, selon les chiffres établis par le bureau de conseil et de consulting en développement durable Gredaal. Cette régression est le résultat selon la même source des abattages incontrôlés, des exportations clandestines, du déclin de la fonction traditionnelle, suite au développement de la motorisation et la sédentarisation des populations rurales sahariennes. Il y a également parmi les causes de cette réduction de l'effectif camelin l'orientation et l'adaptation de l'élevage vers une nouvelle activité de production de viande. Cependant, l'Algérie se situe au 18ème rang mondial et au 8ème rang du monde arabe en matière d'élevage camelin. Ce qui n'est pas rien. Le cheptel camelin est réparti sur trois principales zones d'élevage : le Sud-est, le Sud-ouest et l'extrême Sud avec respectivement 52%, 18% et 30% de l'effectif total.