Pour préserver le thon rouge , la conférence de Doha, qui s'est ouverte hier, sous l'égide de l'ONU examine l'interdiction de son commerce. Avec le soutien des Etats-Unis et de l'UE, Monaco devrait proposer d'interdire la pêche du thon rouge de Méditerranée lors de la réunion de la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées. Les Etats participants à la conférence de Doha auront à se prononcer sur une quarantaine d'autres mesures visant à réguler le commerce d'espèces telles que les requins, les coraux. Pendant ses travaux, jusqu'au 25 mars en cours , la conférence envisagera également le renforcement des restrictions au commerce des éléphants, des tigres, de certaines antilopes, des crocodiles, du rhinocéros africain, de l'ours polaire et de l'acajou notamment. La CITES ne s'occupe pas directement de la gestion des espèces sauvages mais régule les échanges commerciaux, voire les interdit quand leur surexploitation, ajoutée à la dégradation de leur habitat, risque de conduire à leur perte. A ce jour, 34.000 espèces ont été placées sous sa protection. La Conférence des Parties (CoP) se réunit tous les trois ans, et pour la première fois depuis l'entrée en vigueur de la convention en 1975, au Moyen-Orient. Une chose est claire il sera difficile d'arracher un consensus à propos de l'Interdiction de la pêche et du commerce du thon rouge. Le Japon et l'Australie sont opposés à cette interdiction sur laquelle les 175 Etats participants sont appelés à se prononcer. Les stocks de thon rouge ont diminué de 80% depuis 1970, selon la CITES. Le Japon importe environ 80% de la quantité de thon rouge pêchée. Tokyo a d'ores et déjà prévenu qu'il ne se conformerait pas à l'interdiction si celle-ci était décidée par la Cites imputant le déclin des stocks de thon rouge à la mauvaise régulation de la pêche plutôt qu'à sa consommation massive. L'Australie, de son côté privilégie, l'idée de restrictions plutôt qu'une interdiction totale de cette pêche, dont la France, l'Espagne et l'Italie sont les principaux acteurs. En 2009, la Commission internationale pour la conservation des thons de l'Atlantique avait fixé un quota de pêche de 19.500 tonnes, mais beaucoup de poissons sont pris vivants et nourris en captivité avant d'être vendus. Les gourmets japonais sont prêts à mettre des prix exorbitants dans le thon rouge de qualité sashimi (à manger cru). Jusqu'à plusieurs centaines d'euros le kilo parfois. Résultat : nombre de pêcheurs ¯ les Français, les Espagnols, les Italiens en Méditerranée ¯ ont allègrement dépassé leurs quotas de pêches. Les écologistes estiment que les quantités pêchées ( 50 000 tonnes certaines années ) étaient au moins le double de celles autorisées en Méditerranée. Pour leur part, les écologistes estiment que la gestion adoptée par l'organisme de pêche international en Atlantique (Iccat) est insuffisante : poids minimum de 30 kg, limitation des captures à 13 500 tonnes, réduction de la flotte et de la durée de la campagne de pêche. Mais, fin 2009, une campagne d'observation aérienne a révélé que la population des jeunes thons rouges a doublé par rapport aux années précédentes. Les restrictions semblent faire de l'effet. Les pêcheurs plaident donc pour que l'on ne tue pas hâtivement leur métier. Le compromis s'annonce ainsi difficile.