Pour chaque Algérien, la fête de la victoire est une journée historique, elle définit sans ambiguïté aucune le caractère de cette foi, de cette volonté qui a permis au peuple de se mobiliser, de lutter l'arme à la main pour arracher sa liberté contre la force militaire d'un ennemi, au sens de puissance de feu, de logistique supérieure et qui s'est fait en plus une complicité avec l'OTAN pour mater la résistance du peuple algérien. Mais ce peuple avait sa cause, décidé à gagner son indépendance, sa tradition de résistance au fait colonial a été telle que l'essentiel, l'ensemble des Algériens vivaient motivés à arracher cette liberté quelle que soit la capacité et la force de l'ennemi et à donner une définition positive à la Guerre de Libération nationale, le refus de l'exploitation. Un engagement qui a fait recette durant 132 années d'occupation par la France, recette politique s'entend, une laborieuse compilation de luttes, d'histoire et de passé nationaliste ressentis par l'ensemble des Algériens. Tous ces facteurs de combat font ressortir une hétérogénéité extrême de la soif pour la souveraineté de la nation algérienne usurpée et le refus de cette France coloniale qui a envahi le territoire avec l'intrigue et l'agression dramatique pétrie d'honneur, de violences, de massacres, une démence diffuse et généralisée contre le peuple qui a vécu la colonisation en permanence, une situation de névrose criminelle dont la dominance a été la haine de l'occupant. Le Message de Premier Novembre 54 est intervenu comme " la grande lumière " qui illumina le " noir " du pays et de faire de la lutte de Libération nationale, le mouvement populaire pour marcher vers la liberté et à faire " craquer " l'empire coloniale. Un " délestage " qui a fait de cet engagement une énergie qui a stimulé la résistance et le combat libérateur. Lundi 19 mars 62, après sept années et demie de guerre marqués par la destruction, les massacres, les bombes au napalm semant la mort, les déportations etc., rien, absolument rien, n'a fait fléchir la Révolution algérienne, le peuple ne s'était à aucun moment mis à genoux, le cessez-le-feu a été décrété suite aux Accords d'Evian, ouvrant la voie à l'indépendance du pays. Ce fut l'espoir, la volonté et la confiance en soi de tout un peuple, qui par son abnégation, ses sacrifices, son dévouement et sa bravoure, a fini à conquérir ses ambitions nationales à la souveraineté de l'Algérie. La " bataille "politique d'Evian a été le gage de l'inéluctable victoire d'un peuple opprimé durant plus d'un siècle. De Gaulle à la tête de la IVéme république, a fini par abdiquer, le peuple algérien s'est refusé à avaler sa fierté et sa dignité, même devant une forte puissance militaire, la France. Quarante-huit ans après les Accords d'Evian, le déni de la réalité est toujours d'actualité entre l'Etat algérien indépendant et souverain et l'Etat Français au statut d'ancien occupant. La France officielle maintient son " mythe de colonisation positive en Algérie ", ce que l'Etat et le peuple algérien refusent ensemble, la reconnaissance des crimes du colonialisme français en Algérie est une exigence nationale. Le discours officiel français à ce sujet qui " vaticine " dans le brouillard ne servira pas à combler ce " trou de mémoire ". Quel contraste en France entre les paroles " humanistes des uns et les discours haineux et belliqueux des autres, entre les partisans de la reconnaissance par la France de ces crimes commis en Algérie, et de la compréhension de la mémoire comme moyen de civilisation et les partisans qui basculent à l'heure actuelle dans le sens contraire et entendent maintenir, coûte que coûte, le statu quo en ce qui concerne la Guerre d'Algérie. L'Elysée paraît avoir baliser toutes les prétentions ainsi que sa détermination à reléguer à l'arrière-plan dans ses relations avec Alger, la question de la repentance soulevée par les Algériens. Sur cette même question, Paris semble avoir opté pour une politique " calculée ", pour " flatter ", le chauvinisme des nostalgiques de l'Algérie française qui voient d'un mauvais œil l'éveil de la nation algérienne à exiger le pardon de l'ancien occupant. Ces forces ayant l'appui d'une partie de la droite française s'insurgent contre le fait que, depuis la défaite de l'empire colonial par les " Fellagas ", l'Algérie est une fois de plus un pays debout, souverain et entièrement engagé dans son développement interne. Ces mêmes forces sont à l'origine des " nuages sombres " entre les deux peuples. Considérant cette fuite en avant de la France à ne pas reconnaître son affreuse aventure criminelle en Algérie, on peut se demander si la tendance actuelle au " rejet" de cette vérité n'est pas provoquée délibérément par des politiques et des stratèges liés aux milieux de l'extrême droite française qui en profitent directement.