On aurait bien aimé que la prospérité déborde au-delà des frontières tout comme le promet la mondialisation, mais il n'y a que les problèmes des grandes puissances qui deviennent indivisibles, et pas la prospérité. Même quand il est soutenu que la sécurité est indivisible, les grandes puissances ne s'intéressent à la coopération internationale que dans la dimension qui possède des implications sur leurs intérêts. C'est bien après le 11 Septembre que les Américains avaient "beaucoup bougé". Pourquoi changeraient-ils alors que toutes leurs politiques à des horizons définis intègrent la donnée fondamentale de l'obligation de résultat et du maintien du cap sur des objectifs fixés depuis la nuit des temps. Cette vision ne concerne pas seulement les questions de sécurité mais intègre également et surtout la question de l'économie. Les discours ont changé dans un contexte où, dit-on, les comportements sont restés figés. La mondialisation vient compliquer davantage les données compte tenu que bien des pays en développement savent qu'ils risquent de perdre même ce qui leur reste d'une industrie qui avait fait leur fierté durant les années de gloire du socialisme. Cette mondialisation va créer inévitablement des inégalités entre pays et des inégalités au sein des pays. Tous les pays le savent, mais y a-t-il une alternative ? On dit que les richesses ne se partagent pas avec équité alors même que pour les pays en développement, comme dans notre cas plus particulièrement, ce n'est pas la croissance qui est redistribuée, ni la richesse créée, mais la rente pétrolière. Pourquoi ne parle-t-on plus de budget de rigueur, de diminution du train de vie de l'Etat, et pourquoi on n'utilise même plus le terme de rationalisation des dépenses publiques ? Même le concept de bonne gouvernance est apparemment utilisé dans les discours sans que réellement il donne lieu à des prises de décision explicitées et à un contrôle public et transparent. On ne parle plus de bénéfices à partager, ni des dividendes de la croissance, ni même de partage de prospérité à l'intérieur du pays, si prospérité existe. Pour ce qui concerne les relations internationales, on ne parle plus de prospérité partagée, surtout qu'avec l'inégalité de développement et plus particulièrement le nationalisme économique, la prospérité n'a pas de caractère transfrontière, prise en otage à l'intérieur des frontières des pays développés. On ne parle plus de partage des bénéfices des entreprises publiques, comme cela se faisait couramment durant la décennie 70, car les entreprises, d'une part, sont endettées en attendant le nième assainissement des finances, d'autre part, ne connaissent pas très bien ce qu'elles vont devenir, le modèle économique à suivre étant encore incertain, ce qui les empêche de faire des projections.