Le directeur par intérim du Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme (CAERT), Lyes Boukra, a indiqué à Madrid, lors d'un séminaire du Collège européen de police (CEPOL), organisé par la Présidence espagnole de l'UE, et consacré aux "Menaces globales sur la sécurité intérieure", que le paiement des rançons en échange de la libération de personnes enlevées par des terroristes est une "forme déguisée de financement du terrorisme". Avant d'ajouter que "c'est pour cela que l'Union africaine (UA), qui est pleinement engagée dans la lutte contre le terrorisme international, partage l'idée de criminaliser le paiement des rançons, parce que ce sont nos Etats et nos sociétés qui en payent le prix", a-t-il déclaré à l'APS. Abordant les résolutions et les éclaircissements sur la perception et la vision africaine sur les menaces globales qu'il a présentée, lors de ce séminaire international, M. Boukra a indiqué que "tous les pays sont confrontés aux mêmes menaces que sont le terrorisme et le crime organisé". Mais l'Afrique connaît aujourd'hui, a-t-il estimé, "d'autres menaces qui lui sont spécifiques, que l'Europe ne connaît pas", citant à titre d'exemple le paiement des rançons qu'il a qualifié de "menace très importante et une forme déguisée de financement du terrorisme". En outre, il a tenu à préciser qu'en Afrique il existe plusieurs menaces, à savoir la menace de l'ingérence étrangère qui "complique dans nos pays l'équation sécuritaire", dans la mesure où "elle peut conférer aux groupes terroristes une légitimité, celle de groupes combattant l'occupation étrangère", a-t-il précisé, en se référant aux situations en Irak et en Afghanistan. "Les groupes terroristes veulent justement provoquer une intervention étrangère", a-t-il affirmé a l'APS. C'est ainsi qu'il affirmera qu'"à chaque fois qu'un pays européen s'ingère pour défendre ses propres intérêts égoïstes au détriment de la logique antiterroriste, il fait le jeu des groupes terroristes", alors que les pays occidentaux sont eux aussi menacés par le terrorisme. En allant plus loin dans son argumentation, il dira que "nous faisons donc face à la même menace et ces pays sont obligés, de ce fait, de prêter aide et assistance dans la lutte contre ce fléau, en partageant l'information et la formation, dans un cadre défini et très clair, et qui soit bénéfique à l'ensemble des Etats", a-t-il conclu. Par ailleurs, il faut rappeler que cette proposition a été faite auparavant par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni, qui a appelé lors de la réunion des ministres arabes de l'Intérieur (CMAI), qui s'est tenue en Tunisie les pays arabes, à mettre en place des mécanismes fiables pour mettre un terme au paiement des rançons, qu'il a qualifié de source "importante" de financement du terrorisme et du crime organisé.