L'Afrique est décidée à faire face au phénomène du terrorisme avec ses propres moyens. Une architecture africaine est, depuis quelques années déjà, en train de se mettre en place afin de permettre à ce continent de lutter efficacement contre ce fléau ainsi que d'intervenir en cas de conflits. C'est dans ce cadre que le Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme (CAERT) a organisé, hier, un séminaire sur le terrorisme et le crime organisé en Afrique du Nord et de l'Ouest en présence d'experts africains, américains, espagnols ainsi que de l'Union européenne. M. Mohamed Kamel Abderezzak Bara, le représentant personnel du président de la République, qui s'est félicité, dans son intervention à l'ouverture du séminaire, de cette initiative qui vise «à déterminer les connexions qui peuvent exister entre le terrorisme et le crime organisé et les moyens de les contrer», a rappelé que «les groupes terroristes tentent de s'intégrer dans les associations de malfaiteurs qui sévissent dans la zone sahélo-saharienne et ont commis beaucoup de crimes graves, créant ainsi une insécurité grandissante, d'où l'importance de ce séminaire pour déterminer les liens entre ces deux fléaux pour pouvoir les contrer». M. Bara a, par ailleurs, insisté sur l'importance de la mise au point d'une stratégie africaine de stabilisation et de sécurisation en appelant à «une forte coopération» entre les forces de sécurité des pays africains pour mettre fin aux différents trafics [stupéfiants, armes...] et autres crimes qui sévissent dans la région sahélo-saharienne, commis par des bandits et des terroristes». Selon ce responsable, il est primordial de «renforcer la présence de l'Etat en tant que facteur de stabilisation politique et sociopolitique dans ces régions où pullulent le terrorisme et le crime organisé». M. Bara a conclu en émettant le souhait que ce séminaire mettra au point des «mesures pratiques et opératoires» pour renforcer la paix et la sécurité dans ces régions, en respectant la souveraineté des Etats. Le directeur du CAERT, M. Boubacar Gaoussou Diarra a indiqué, pour sa part, que «les groupes terroristes sévissant en Afrique du Nord ont transformé la région sahélo-saharienne en zone de repli et de refuge». Ce qui nécessite, a-t-il souligné, une coopération «plus forte» entre pays africains. Il a annoncé par ailleurs qu'au terme de ce séminaire, le CAERT mettra au point «une expertise» qui déterminera le lien entre le terrorisme et le crime organisé. Le ministre conseiller de l'ambassade d'Espagne en Algérie, M. Pedro Villena, a relevé toute «la difficulté» de lutter contre le fléau du terrorisme en raison de «sa liaison» avec le crime organisé, affirmant que la collaboration de son pays avec le CAERT «sera renforcée pour parvenir à mettre en place un réseau global pour combattre ces fléaux». Le premier conseiller de la délégation de la Commission européenne en Algérie, Mme Agnès Guillaud a juste rappelé que «la Commission européenne dispose, depuis 2007, d'un programme conjoint avec le CAERT pour l'organisation de formations et de séminaires se rapportant au thème du terrorisme». Il est toutefois à préciser que ce séminaire s'inscrit dans le cadre de la convention de prévention et de lutte contre le terrorisme, adoptée en 1999 à Alger par le 35e Sommet de l'Organisation de l'unité africaine, consolidée avec l'adoption, en 2002, du plan d'action d'Alger. Ce processus a été conforté par le lancement solennel, en octobre 2004, du CAERT. Il faut enfin rappeler que lors du 4e séminaire sur «la lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord», organisé par ce centre, M. Abdelkader Messahel, le ministre délégué chargé des affaires africaines et maghrébines avait annoncé qu'«une architecture africaine est en train de se mettre en place pour assurer la sécurité et la paix en Afrique. Elle prévoit la mise en place d'une force africaine dans les cinq régions (Afrique du Nord, de l'Est, de l'Ouest, centrale et australe). C'est un processus qui s'étendra jusqu'en 2010. Nous aurons alors dans chacune de ces régions une force régionale en attente, prête à intervenir sur ordre de l'Union africaine ou sur ordre du Conseil de sécurité dans des situations de conflits.» H. Y.