Docteur Abderahamane MEBTOUL Economiste Professeur d'université en management stratégique Premièrement je rappelle que dans le rapport 2009 de Transparenty International sur l'indice de corruption l'Algérie chute de 3,2 à 2,8 sur 10 et de la 92ème place en 2008 à la 111ème en 2009, perdant 20 places la ramenant à l'année 2005 où elle avait obtenu une note de 2,8 sur 10. L'Algérie obtient et ce, pour la 7e année consécutive, une très mauvaise note - 3,2 sur 10, et un très mauvais classement, la 92ème place en 2008, en 2007 elle avait 3 sur 10, et la 99 ème place. En 2006 : 3,1 sur 10 et 84ème place (sur 163 pays) ; en 2005 : 2,8 et 97ème place (sur 159 pays) ; en 2004 : 2,7 et 97ème place (146 pays) ; en 2003 : 2,6 et 88ème place sur 133 pays. Je partage l'avis de Erastus Mwenda vice président de la commission de l'Union africaine lors du 14ème sommet ordinaire des chefs d'Etat dans la capitale éthiopienne ,qui a décidé de se doter d'une Commission de lutte contre la corruption je le cite : " ce n'est pas que la corruption n'existe pas ailleurs dans le monde. La grande différence c'est qu'en Afrique du Nord ( donc l'Algérie ) et en Afrique noire , elle plombe le développement et décourage tout investissement porteur….c'est que les ressources gaspillées du fait de la corruption en Afrique atteignent 25% su PIB total du continent soit un manque à gagner de plus de 150 milliards de dollars par an ". Analyse confirmée par la banque africaine de développement pour qui ce fléau conduit à une perte d'environ 50% des recettes fiscales annuelles et engendre une augmentation des prix proche de 25% supporté par les couches les plus pauvres. L'importance de la sphère informelle favorise la corruption dans la mesure où celle-çi (contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation en Algérie avec une extension faramineuse où tout se traite en cash) et corruption sont intiment liées. Ainsi selon le rapport 2009 de Transparenty International qui présente dans le détail les nombreux risques de corruption auxquels sont confrontées les entreprises, des petits entrepreneurs dans les pays en voie de développement, aux multinationales d'Europe et d'Amérique du nord, la corruption augmentant les coûts des projets d'au moins 10 % selon ce rapport. Ainsi, dans les seuls pays en développement et en transition, les pots-de-vin versés à des politiciens corrompus et à des fonctionnaires d'État ont pu atteindre jusqu'à 40 milliards de dollars par an. Au final, c'est le citoyen qui en fait les frais : les consommateurs ont payé un surcoût de l'ordre de 300 milliards de dollars à près de 300 cartels privés internationaux découverts entre 1990 et 2005. L'étude récente, réalisée courant 2009 par la Global Financial Integrity (GFI) et publiée à Washington DC (USA), confirme cette tendance de mauvaise gouvernance. Uniquement concernant le volet "mauvaise évaluation des prix du commerce" de 1970 à 2008 ces montant ne contenant pas les sorties de mauvaise évaluation des prix des services et la contrebande ce qui donnerait un montant plus élevé, l 'Afrique a vu une sortie de capitaux illicites 1,8 billion. Le Nigeria vient en tête avec 89,5 milliards de dollars, suivi de l'Egypte (70,5), l'Algérie (25,7) en troisième position, le Maroc (25), et l'Afrique du Sud (24,9). Ce rapport note que les sorties financières illicites en provenance d'Afrique ont augmenté à un taux moyen de 11,9 % par année, facilité par un système d'ombre financier mondial comprenant les paradis fiscaux, territoires à secret, les sociétés déguisées, les comptes anonymes, les fondations fictives, la mauvaise évaluation des prix du commerce, et les techniques de blanchiment d'argent. Mais s'il y a des pays corrompus il y a forcément des pays plus corrupteurs que d'autres. Du côté des corrupteurs, l'organisation réalisant un " indice de corruption " dans les 22 principaux pays exportateurs auprès de 3 000 cadres dirigeants, l'enquête montre que le versement de pots-de-vin à l'étranger demeure une pratique extrêmement répandue, en particulier dans les entreprises des puissances émergentes comme la Russie, l'Inde et la Chine." Un certain nombre d'entreprises des grands pays exportateurs continuent de recourir à la corruption pour décrocher des marchés à l'étranger bien qu'ils aient conscience que cela porte atteinte à la réputation des entreprises ", selon une enquête réalisée pour 2008 par Transparency International. D'après l'indice de corruption des pays exportateurs (ICPE) établi par cette ONG, la Russie est avec une note de 5,9 sur 10 le pays où les entreprises sont le plus susceptibles de verser des dessous-de-table à l'étranger suivi de la Chine avec une note de 6,5 et se place entre la Russie et le Mexique (6,6). L'Inde, autre puissance émergente, est aussi dans le quatuor des pays exportateurs qui usent le plus des pots-de-vin pour s'assurer un marché, avec une note de 6,8. Parmi ceux qui ont le moins recours à la corruption à l'étranger figurent en tête la Belgique et le Canada (8,8 tous les deux), les Pays-Bas et la Suisse (8,7). La France occupe le 9e rang (8,1), avec Singapour et les Etats-Unis Deuxièmement, comparons le comparable en ramenant ces transferts occultes par rapport au PIB global pour une appréciation objective. A titre indicatif, pour les comparaisons , bien qu'il faille tenir compte de la population totale et surtout de l'indice du développement humain beaucoup plus fiable élaboré par le PNUD( IRH), pour 2009, et à titre de rappel, selon le rapport 2009 du Programme des Nations unies pour le développement, sous la direction de Jeni Klugman publié le lundi 5 octobre à Bangkok portant sur 182 pays, l'Algérie a été rétrogradée à la 104ème place au classement reculant par rapport aux années passées, la crise mondiale ayant contribué à des changements notables, les dix (10) premières économies mondiales selon le rapport du FMI en référence au produit intérieur brut ( PIB) nominal sont les suivantes , en milliards de dollars : Etats Unis 14.264 milliards de dollars - Chine 7.916- Japon 4354- Inde 3.288- Allemagne 2.910- Russie 2.260- Royaume Unis 2.230- France 2.130-Brésil- 1981-Italie -1.814- Le PIB nominal mondial 2008 selon le FMI a été de 60.689, 812 milliards de dollars , l'union européenne avec 18.394,15 étant la première puissance économique mondiale pour une population approchant seulement 500 millions habitants. Que représente le PIB algérien avec les hydrocarbures par rapport au PIB mondial (160/60.689 ?) Et pour un petit pays comme la Corée du Sud malgré la crise internationale économique et financière qui aura frappé le monde en 2009, devrait conserver son statut de 15e plus importante économie dans le monde avec une contraction du PIB entre 2008 et 2009, qui serait passé de 928.7 milliards de dollars à 820 milliards de dollars, PIB provenant essentiellement de la création de la valeur par le travail et l'intelligence. Concernant le cas algérien, le produit intérieur brut algérien(PIB) en valeur nominale selon la CIA "The World Factbook", est de134,79 en 2009 avec une estimation de 154, 84 milliards de dollars en 2010, données différentes de celles de la banque mondiale dans son rapport de 2009 qui l'estime de 159,99 en 2008 et légèrement supérieur à 160 milliards de dollars en 2009 . Cependant 45% du PIB provient des hydrocarbures, les 55% restant étant tirés bâtiments- travaux publics , hydraulique (BTPH) à 80% par la dépense publique via les hydrocarbures restant aux entrepreneurs créateurs de richesses vivant sur leur autofinancement une part négligeable, l'économie algérienne étant fondamentalement une économie rentière d'où l'importance de bien gérer cette ressource éphémère. Car si le scandale financier Maloff, l'homme d'affaires américain, auteur présumé de la plus grande escroquerie de l'histoire de cinquante milliards de dollars évanouis, avait eu lieu en Algérie, le pays serait en semi faillite. Et 50 milliards raisonnant uniquement au niveau de l'espace USA représente 0,4% du PIB, moins puisque cette malversation a touché bon nombre de pays d'Europe, contre plus de 30% pour le cas Algérie. Aussi tout détournement en Algérie revient à détourner cette ressource éphémère contrairement aux pays reposant sur la création de valeur par le travail d'où l'importance de démocratiser la gestion de la rente des hydrocarbures, d'un débat national ainsi que sur la gestion des réserves de change, propriété de toute la collectivité nationale. Si tout inculpé est innocent jusqu'à preuve du contraire, d'où l'importance de l'indépendance de la justice, de la réhabilitation des institutions de contrôle indépendants pour protéger les gestionnaires eux mêmes contre les tentations et donc pourquoi avoir limité les prérogatives et gelé la cour des comptes (cette institutions n'ayant pas le droit de contrôler les entreprises publiques économiques comme si l'on était déjà en économie de marché, car Sonatrach ne peut en aucune manière être comparée aux autres entreprises. Car, en cette période où les injonctions de l'autorité politique et des ministères sont connus sur la gestion de ces entreprises peut-on parler véritablement à la fois d'entreprise et de management ce qui supposerait une autonomie dans la décision pour optimaliser l'efficience de l'entreprise publique et la responsabilité n'est-elle pas collective renvoyant d'ailleurs à une autre gouvernance pour délimiter clairement les responsabilités pénales en cas de délits? En résumé, chers collègues, la majorité des managers, cadres, ingénieurs sont foncièrement honnêtes et cette lutte contre la corruption devra s'inscrire loin des règlements de comptes inutiles. C'est que la corruption en Algérie prend une telle ampleur ces dernières années par sa socialisation, connue depuis longtemps par les institutions internationales ternit l'image de l'Algérie il ya de cela fort longtemps. Et cette lutte dans le cadre d'un Etat de droit doit justement rehausser une image positive de l'Algérie. Cette corruption plombant tout processus de développement fiable, conduisant à une névrose collective qui renforce le divorce Etat/citoyens, la sécurité nationale est posée. Cela implique en urgence une efficacité et cohérence institutionnelle, collant aux pratiques sociales qui contredisent les textes de loi. Ce n'est pas par la mise en place de structures bureaucratiques administratives que l'on combat la corruption, inefficaces, comme cela a été démontré par le passé avec ces différentes commissions ou organes créés occasionnellement , comme j'ai eu à le démontrer au séminaire international organisé par l'Unesco/Cafrad en février 2010 sur la bonne gouvernance et la réforme des institutions en Afrique, en présence de plusieurs ministres africains et des principaux directeurs généraux chargés des réformes et une profonde moralisation de la gestion de la Cité renvoyant à l'urgence d'une gouvernance rénovée tenant compte tant des mutations internes, de notre anthropologie culturelle fondement d'un management efficace, que des nouvelles mutations mondiales.