L'encouragement de l'investissement agricole au Maghreb et la vulgarisation des opportunités que recèle ce secteur ont été au centre d'une réunion à Rabat (Maroc) de représentants des services et institutions concernés dans les pays de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Selon un communiqué du secrétariat général de l'UMA, les débats ont porté notamment sur les grands axes du Forum maghrébin pour l'investissement agricole prévu cette année en Algérie, conformément à une recommandation de la commission ministérielle maghrébine de la sécurité alimentaire, réunie en octobre dernier à Marrakech. Ce Forum se tiendra autour des moyens de mettre l'agriculture maghrébine en condition de relever les défis auxquels elle fait face, notamment la réalisation de la sécurité alimentaire régionale dans une conjoncture internationale marquée par un renchérissement constant des denrées alimentaires, ajoute la même source. Les représentants de la Tunisie ont été chargés de préparer un document de synthèse sur l'ensemble des lois ayant trait à l'investissement agricole commun dans les pays maghrébins. Ce document, à soumettre au Forum d'Alger, doit servir de plateforme consensuelle de nature à assurer un flux de capitaux dans le secteur maghrébin de l'agriculture, selon le communiqué. L'accent a, également, été mis sur l'importance que revêt l'ouverture du Forum d'Alger à l'ensemble des professionnels, des représentants de la société civile, des bailleurs de fonds, des organisations internationales et régionales, des centres de recherche, des agences de coopération internationales et des partenaires des pays maghrébins au développement. Le secrétariat général a rappelé, dans son communiqué, que la ville de Fès avait abrité en juillet 2008 une conférence internationale sur les perspectives de l'agriculture maghrébine, dans le cadre du soutien aux efforts des pays de l'UMA pour la réalisation de la sécurité alimentaire régionale. Il faut dire que la crise alimentaire de 2008 et la forte augmentation des prix agricoles sont venues rappeler que les pays du Sud de la Méditerranée, dont les pays maghrébins, sont confrontés au défi de leur sécurité alimentaire. La balance commerciale agricole est fortement déséquilibrée dans cette région, qui représente 4% de la population mondiale mais absorbe 12% des importations mondiales de céréales . Dans le même temps, ces pays doivent faire face à une augmentation importante de la demande en eau urbaine alors que les ressources renouvelables, actuellement inférieures à 1 000 m3 par habitant et par an au Maghreb, sont limitées et sont de plus déjà fortement affectées par le changement climatique. Or, l'agriculture est le secteur qui consomme le plus d'eau au Maghreb (89 % de la demande totale en eau au Maroc, 78% en Tunisie), les surfaces irriguées occupant entre 7 et 15 % des terres arables et cultures permanentes selon les pays (source : Plan Bleu). L'enjeu est donc bien d'assurer une production agricole suffisante pour l'alimentation, dans un contexte de raréfaction des ressources en eau. Pour éviter une dégradation du bilan alimentaire sur la rive sud de la Méditerranée, il faudrait augmenter la productivité agricole de 53% d'ici 2025. Pour relever ces défis, des innovations techniques, institutionnelles et sociales peuvent permettre de réduire la demande en eau pour l'agriculture et d'améliorer la productivité de l'eau et des sols. Néanmoins, ce type d'innovations implique des évolutions fortes pour les exploitations familiales petites et moyennes, qui représentent la majorité des exploitations. L'émergence d'associations d'irrigants aux côtés des grands organismes publics pour gérer l'eau agricole, et de coopératives et d'autres formes d'action collective susceptibles de regrouper les acteurs des filières, peut constituer une opportunité pour soutenir la modernisation de ces exploitations. D'où l'importance de l'investissement dans l'agriculture et les secteurs annexes. Il est donc urgent d'augmenter la productivité de l'eau et des sols au Maghreb, sans opposer l'agriculture pluviale et irriguée, qui toutes deux mobilisent une ressource en eau qui se raréfie dans la région. Les exploitations agricoles familiales sont au cœur de cet enjeu d'augmentation de productivité, nécessaire pour saisir les opportunités des marchés. La promotion des organisations professionnelles agricoles et le développement de politiques publiques adaptées sont une condition de l'engagement des agriculteurs vers une meilleure gestion des filières et de l'eau.