La structure des échanges extérieurs des pays maghrébins est toujours orientée vers les marchés à l'étranger. Après deux décennies, l'Union du Maghreb arabe (UMA) n'arrive toujours pas à concrétiser l'intégration économique de ses pays membres. Ce constat est confirmé par le volume des échanges commerciaux entre les pays maghrébins. Celui-ci ne dépasse pas 2% de l'ensemble des échanges de ces pays. Ce taux demeure limité comparé à celui réalisé avec l'Union européenne qui a atteint 70% de son commerce extérieur. C'est, en substance, ce qui ressort d'une étude effectuée par des experts sur l'“élaboration d'une vision du secteur privé sur le processus d'intégration maghrébine”. Il est ainsi constaté l'absence d'une stratégie de coopération à long terme, des différences entre les législations nationales, l'inexistence d'une intégration monétaire et le gel de la Banque maghrébine. Ce sont autant de facteurs qui empêchent, par conséquent, l'émergence d'une action économique commune. Or, “l'intégration économique des pays de l'UMA est la voie incontournable et un instrument privilégié pour arrimer ce groupement (économique) à l'économie mondiale”, est la conclusion à laquelle sont arrivés les auteurs de cette étude. Les pays maghrébins n'ont, selon ces experts, pas déployé suffisamment d'efforts pour modifier la structure verticale de leurs échanges extérieurs qui, depuis l'Indépendance, est toujours orientée vers les marchés à l'étranger. La Tunisie, le Maroc et l'Algérie effectuent plus de la moitié de leurs échanges avec l'Europe. Devant une telle situation, l'intérêt est vite orienté vers le rôle incontournable que peut jouer le secteur privé dans le développement économique et l'intégration régionale du Maghreb. À ce propos, une conférence a été organisée au mois mars dernier dans la capitale tunisienne, Tunis, à laquelle ont prix part des représentants des 5 pays maghrébins et un délégué de l'Union maghrébine des employeurs (UME). Les travaux de cette rencontre ont été sanctionnés par un certain nombre de recommandations. Ainsi, en ce qui concerne le secteur privé, il a été recommandé la mise en place d'un portail unique, exhaustif et régulièrement actualisé à travers un site Web logé à l'UME. L'objectif est de promouvoir des partenariats et des alliances d'affaires entre opérateurs maghrébins. Le site aura à couvrir les activités de l'UME, les données économiques et financières actualisées dans les 5 pays, les potentialités d'échanges et d'investissement, les opportunités d'affaires… L'autre recommandation jugée importante a trait à la réalisation par l'UME, d'études de faisabilité sur les opportunités transmaghrébines de projets ambitieux et fédérateurs servant l'ensemble du marché de la région. Ces projets seront entrepris par le privé et en cas de besoin en partenariat avec des multinationales ou entre les secteurs privé et public. Les participants à cette réunion ont proposé également la création d'un observatoire au sein de l'UME qui sera chargé de suivre l'évolution de l'investissement et du commerce extérieur au Maghreb. Cette structure s'occupera du suivi du développement de l'investissement et du commerce extérieur pour mesurer les progrès intermaghrébins dans ce domaine. Ils souhaitent, en outre, l'intensification de la concertation entre les responsables du secteur privé à travers l'organisation d'un forum annuel des investisseurs maghrébins qui se tiendra alternativement dans chacun des 5 pays. Ce forum réunira les hommes d'affaires, les banquiers, les investisseurs, les bureaux d'ingénierie et de conseil… Les structures patronales seront appelées à organiser aussi des conférences sur le partenariat et l'investissement dans la région. Afin de promouvoir le produit maghrébin des foires annuelles (maghrébines). Il est, par ailleurs, prévu la création par l'UME, d'un prix annuel pour les entreprises maghrébines les plus performantes en matière d'intégration et d'innovation. Outre la formation des cadres des PME, les participants à cette conférence suggèrent enfin l'encouragement des jeunes promoteurs maghrébins à bénéficier des structures d'encadrement existantes dans chaque pays. B. K.