Le gouvernement thaïlandais a décrété mercredi l'état d'urgence à Bangkok et cinq provinces environnantes après l'intrusion de milliers de manifestants dans la cour du Parlement, a indiqué le Premier ministre Abhisit Vejjajiva à la télévision. "L'état d'urgence a été décrété à Bangkok et dans les provinces qui l'entourent lors d'une réunion extraordinaire du gouvernement", a déclaré en direct à la télévision le chef du gouvernement. Environ 5.000 "chemises rouges", favorables à l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, ont fait irruption dans la matinée de mercredi dans la cour du Parlement après avoir brisé une grille d'entrée avec un camion. Quelques minutes plus tard, plusieurs cadres du gouvernement ont été évacués par hélicoptère. Les "rouges", qui s'appuient sur les masses rurales du nord et du nord-est du pays, bastion de Thaksin, exigent la démission d'Abhisit suivie d'élections anticipées. L'état d'urgence interdit tout rassemblement de plus de cinq personnes et permet notamment aux forces de l'ordre de procéder à des arrestations sans mandat de la justice. Dans une allocution à la télévision, le chef du gouvernement, Abhisit Verjjajiva, a expliqué que l'état d'urgence faciliterait la tâche des autorités pour arrêter les leaders de la contestation. Les "chemises rouges", partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra qui réclament la démission d'Abhisit, ont forcé un cordon de police et escaladé les grilles du parlement mais n'ont pas pénétré à l'intérieur du bâtiment. Ils sont restés une vingtaine de minutes sur place avant de retourner dans le quartier commerçant de Bangkok et vers un pont du quartier historique, principaux lieux de leurs rassemblements. Plusieurs manifestants ont montré des armes à feu et des grenades lacrymogènes dérobées aux forces de l'ordre lors de l'incident. De telles scènes sont sans précédent depuis le début de la campagne de protestation entamée le 12 mars. Un conseil des ministres s'était déroulé un peu plus tôt dans les locaux du parlement. Le vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban et plusieurs de ses collègues ont dû escalader un mur avant d'être évacués en hélicoptère. D'autres ministres avaient quitté les lieux avant l'intrusion des manifestants. "A partir d'aujourd'hui, nous allons concentrer nos actions sur les personnes, les lieux et les activités liés au (Premier ministre) Abhisit", a déclaré à la presse Nattawut Saikua, chef file des opposants. Il avait auparavant annoncé à la foule des manifestants qu'il entendait "intensifier" la contestation. Les "chemises rouges" sont plusieurs dizaines de milliers à camper dans les rues de Bangkok pour réclamer la dissolution du parlement et l'organisation d'élections anticipées. Le Premier ministre, soutenu par l'armée et l'élite royaliste, refuse de convoquer des élections étant donné le climat de tension. Il a proposé de dissoudre le parlement avec un an d'avance, en décembre prochain, mais les manifestants, majoritairement issus des couches modestes de la population, réclament des élections immédiates et refusent de lever le camp.