La rentrée sociale a eu lieu. On se posait la question de savoir si la reconduction des mêmes contradictions allait être une fatalité. Les syndicats autonomes, plus particulièrement ceux de l'enseignement, avaient promis de revenir à la rentrée si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Parole tenue. Il y avait en jeu la légitimité à défaut de la légalité. La légalité provient de la reconnaissance juridique par l'administration, alors que la légitimité des syndicats est tirée de leur capacité à organiser des grèves. Ils sont placés dans cette position, avec la propension à ne pas céder, parce qu'en l'absence de leur légalisation par l'administration, il n'y a plus que la grève pour les légitimer. La Constitution leur donne le droit d'exister légalement mais selon eux, l'administration s'accorde une souveraineté en décidant unilatéralement. Rentrée sociale ? Il y en a qui, chaque année, pronostiquent une explosion sociale et expliquent pourquoi celle-ci allait être inéluctable. Quand celle-ci n'a pas eu lieu conformément à leurs prévisions, les mêmes expliquent les raisons pour lesquelles elle n'a pas eu lieu. Ceci revient à dire qu'en réalité il y a une logique qui échappe aux observateurs qui ont appris à intégrer l'épuisement d'une logique engagée dans un processus linéaire et non dans celui d'une rupture. Qu'est-ce qu'une explosion sociale ? Ceux qui en parlent se réfèrent à " octobre 88 " perçu comme le sommet des crises. Moins que ça, il ne s'agirait pas d'une explosion sociale. Les représentants syndicaux estiment que les pouvoirs publics devraient tirer leur légitimité de leur disponibilité permanente à écouter, dialoguer, argumenter et non pas à "ignorer" les mouvements sociaux et encore moins à s'engager dans la répression. L'entrée dans le pluralisme politique ne peut pas se faire sans l'entrée dans le pluralisme syndical. Dans les deux cas, il s'agit de promouvoir l'expression plurielle. Cette expression politico-syndicale pénétrera le champ économique et alors s'engagera dans ce champ le débat public qui a tant manqué.