L'Opep ne révisera son plafond de production que si les prix du brut dépassaient les 100 dollars le baril, a indiqué jeudi le ministre koweïtien du Pétrole cheikh Ahmad Abdallah Al-Sabah. "Si les prix du brut dépassent les 100 (dollars), l'Opep se réunira pour décider des niveaux de production" de manière à augmenter l'offre, a déclaré le ministre à la presse en marge d'une séance parlementaire. Mais il a souligné que toute décision devrait dépendre largement de "la situation sur le marché, et de l'offre et de la demande". Le ministre koweïtien s'est également dit satisfait des cours actuels du pétrole, qui tournent autour de 85 dollars le baril. Notons que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a indiqué mercredi qu'elle prévoyait un baril dont le prix oscillerait entre 70 et 80 dollars dans les mois à venir, soutenu par une amélioration de la situation économique et du marché pétrolier Selon le rapport mensuel de l'Opep, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de 900.000 barils par jour (bpj) en 2010, soit 20.000 bpj de plus que dans les précédentes prévisions de l'organisation. "Les conditions actuelles de l'économie mondiale et les perspectives très positives des fondamentaux du marché pétrolier devraient continuer à soutenir les prix dans cette fourchette (70 à 80 dollars le baril) dans les mois à venir", écrit l'Opep. L'Opep a réduit sa prévision touchant à la demande de ses propres bruts de 130.000 bpj à 28,81 millions bpj en 2010, alors qu'au contraire l'offre des pays non membres de l'organisation augmenterait de 500.000 bpj et non plus de 410.000 suivant sa précédente projection. Il faut également relever que les cours du pétrole accentuaient leur baisse hier , pénalisés par un renforcement du billet vert et par des indicateurs américains décevants. Vers 10H30 GMT (12H30 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin perdait 75 cents à 86,84 dollars par rapport à la clôture de jeudi sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres. Le Brent reprenait son souffle après un bond jusqu'à 87,58 dollars jeudi, son plus haut niveau depuis le 7 octobre 2008. A la même heure, le baril de "brut léger texan" (WTI) à échéance en mai cédait 93 cents à 84,58 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le billet vert a atteint 1,3514 dollar pour un euro vendredi vers 06H45 GMT, son niveau le plus fort en quatre jours, freinant l'intérêt pour les matières premières libellées en dollar, comme le brut, pour les investisseurs munis d'autres devises. Le pétrole pourrait même retomber à 84 dollars le baril si le rebond du dollar se poursuit vendredi, prévenait Andrey Kryuchenkov, analyste chez VTB Capital. Les cours du brut étaient également pénalisés par des indicateurs américains décevants publiés jeudi. En effet, la production industrielle aux Etats-Unis a progressé moins que prévu en mars et les nouvelles demandes d'allocation chômage ont enregistré une hausse inattendue, "ravivant des craintes sur la reprise économique aux Etats-Unis", notaient les analystes du cabinet JBC Energy. Ainsi, les investisseurs seront attentifs vendredi à la première estimation de l'indice de confiance des consommateurs américains, publiée par l'université du Michigan à 13H55 GMT, guettant toute indication pouvant soutenir un rebond anticipé de la demande pétrolière, notaient des analystes. Autre point de pression pour les prix, le creusement du contango, soit l'écart de prix entre les contrats de pétrole à court terme et ceux à plus long terme, encourage les compagnies pétrolières à stocker le brut dans l'attente d'une remontée des cours. Sur le plan géopolitique, la Malaisie a annoncé jeudi la suspension de ses livraisons d'essence à l'Iran, après la tenue de discussions en début de semaine entre le premier ministre malaisien Najib Razak et le président américain Barac Obama. Cette annonce fait suite également à de nouvelles tensions dans le dossier du nucléaire iranien. Les ambassadeurs des six pays (France, Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et Allemagne) ont travaillé sur un projet de résolution américain qui prévoit une quatrième batterie de sanctions contre les Gardiens de la Révolution iraniens, considérés comme impliqués dans des activités de prolifération nucléaire. L'Iran, un des premiers producteurs mondiaux de pétrole, a besoin d'importer l'essentiel de sa consommation de produits raffinés, par manque d'infrastructures suffisantes.