L'Opep a décidé de maintenir inchangés ses quotas de production estimant que les prix actuels sont susceptibles d'assurer l'équilibre du marché. A l'issue de la réunion ministérielle tenue à Vienne dans la nuit de mercredi à jeudi, l'organisation a préféré donc ménager un marché fragile tout en profitant de prix acceptables aux alentours de 70 dollars. Dans son communiqué final, l'Opep informe de sa décision de maintenir ses niveaux actuels de production et estime que « le marché est toujours suralimenté et qu'il existe un risque de rechute compte tenu de l'extrême fragilité de la reprise ». L'Opep conserve ainsi le plafond de production de 24,84 millions de barils par jour (mbj) qui avait été fixé fin 2008 et appliqué depuis janvier 2009 en guise de décision indispensable alors pour faire face à la chute des prix (32 dollars). Le statu quo décidé mercredi dernier indique donc que l'Opep ne veut pas bouleverser les données du marché alors qu'il y a, selon elle, « des prémices de reprise économique mondiale ». « Nous marchons sur une ligne étroite. Nous ne voulons pas prendre de décisions qui compromettront la reprise », a déclaré le secrétaire général de l'Organisation, le Libyen Abdallah El Badri, lors d'une conférence de presse. L'Opep juge également que les prix actuels affichés sur les places boursières mondiales négociant l'or noir, préservent aussi bien les intérêts des producteurs que des consommateurs. « Des prix entre 70 et 80 dollars sont bons pour tout le monde. A partir de 80 dollars, ils nuisent à l'économie », a estimé par exemple le ministre qatari Abdallah Al Attiyah. Les membres de l'Opep ont, par ailleurs, répété qu'ils comptaient sur un meilleur respect des décisions prises fin 2008 – retrait de 4,2 mbj du marché pour éponger le surplus de l'offre. « Nous avons besoin d'un meilleur respect » des mesures prises, a souligné le ministre koweïtien du Pétrole, cheikh Ahmad Abdallah Al Sabah. Selon lui, les baisses de production sont respectées à 68% par les Etats membres mais un taux de « 75% serait bien ». Pour le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, un meilleur respect des quotas permettrait de stopper la progression des stocks. Au lendemain de la décision de l'Opep de maintenir son plafond de production et avant la publication des stocks hebdomadaires américains attendus en hausse, les prix du pétrole ont enregistré une légère progression en début d'échanges européens. Le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en octobre prenait 17 cents par rapport à la clôture de mercredi à 70 dollars, sur l'InterContinental Exchange (ICE) ; le brut léger texan (WTI) pour livraison à la même échéance gagnait 26 cents à 71,57 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).Le marché était également rassuré par la révision à la hausse de la demande par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui table désormais sur une contraction de la consommation du pétrole de -2,2% par rapport à l'an dernier contre -2,7% dans son dernier rapport mensuel. L'organisation internationale, qui représente les intérêts des pays industrialisés, s'attend désormais à ce que la demande atteigne 84,4 mbj cette année, soit 500 000 barils par jour de plus que dans son rapport du mois dernier.