Les ministres de l'Opep sont arrivés hier, à Vienne, pour prendre part aujourd'hui à une nouvelle réunion du cartel, dont l'issue reste incertaine.Il faut savoir que la réunion d'aujourd'hui devrait être centrée sur la nécessité de respecter à 100% les engagements de réduction de la production pris fin 2008, et pourrait déboucher tout au plus sur une légère diminution de l'offre. "Il y a trop de pétrole" sur le marché, a indiqué le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari. Il a toutefois refusé d'indiquer si son pays appellera à une nouvelle baisse de production lors de la ministérielle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dimanche. "Nous allons oeuvrer pour respecter à 100%" les baisses de production auxquelles nous nous sommes engagés,” a déclaré, la veille, le ministre vénézuélien du Pétrole Rafael Ramirez. Les ministres continuaient ainsi à envoyer des signaux confus sur les véritables intentions de la réunion au siège de l'organisation qui fournit 40% de la production mondiale d'or noir. L'Opep pourrait décider de "maintenir son quota actuel de production ou constater un excédent de l'offre qui nécessiterait une nouvelle baisse de la production", avait semblé résumer le ministre koweïtien, cheikh Ahmad Abdallah al-Sabaha, avant de s'envoler pour l'Autriche. Dans tous les cas, le groupe devrait appeler ses membres à respecter très strictement leurs quotas de production respectifs pour tenir les engagements pris fin 2008. Le plafond actuel de production de l'Opep, pour 11 des 12 pays membres car l'Irak n'est pas soumise à des quotas, est fixé à 24,84 millions de barils par jour (mbj). Depuis septembre dernier, l'Opep a décidé de retirer du marché 4,2 mbj afin d'enrayer l'effondrement des cours du brut, qui s'étaient écroulés jusqu'à 32,40 dollars à l'automne. Cela devait aussi désengorger un marché inondé par un excès de production. Selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), l'Equateur et l'Angola en particulier ne respectent pas leurs quotas de production. L'Arabie saoudite, premier producteur du cartel, qui a jusqu'à septembre également largement dépassé ses quotas, a depuis fourni le plus gros de l'effort de réduction en retirant du marché 1,6 mbj sur le total de 4,2 mbj promis. Ainsi les Saoudiens, qui pompaient autour de 9,6 mbj au mois de septembre, n'en extrayaient plus que 7,95 mbj en février (selon l'AIE), soit un peu moins que leur plafond de 8,05 mbj. Face à cet effort, l'Arabie saoudite pourrait donc mettre son veto à un changement de production lors de la réunion de Vienne. Ryad, qui table sur un baril à 75 dollars comme prix raisonable, a déjà fait savoir, dans un article du quotidien arabophone Al Hayat, qu'il souhaitait un meilleur respect des quotas avant d'aller plus loin. Actuellement, le baril tourne autour de 44 dollars sur le marché. Parmi les partisans d'une baisse de la production, l'Algérie avait souligné mercredi que l'Opep s'exposait à une nouvelle dégringolade des prix si elle décevait les attentes du marché, les opérateurs ayant déjà intégré ce scénario. Par ailleurs, l'AIE et l'Opep dans son rapport mensuel de mars publié vendredi, ont fortement révisé à la baisse leurs pronostics de demande de brut mondiale pour 2009, et parlent d'un déclin d'1,2 à 1 mbj cette année. "La réponse semble claire : en cas de baisse (de la production de l'Opep), le baril pourrait repasser le seuil de 50 dollars, sinon il stagnera entre 40 et 50", jugeait Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. Pour rappel, l'Opep a retiré 4,2 millions de barils par jour du marché durant les derniers mois de 2008. Ses membres ont respecté à 80% les baisses de production décidées. Synthèse I.B.