Alors que les cours du pétrole se consolident chaque semaine un peu plus, soutenus par la faiblesse du dollar, l'Arabie saoudite, le chef de file de l'Opep, estimait, hier, qu'un "juste prix" du pétrole se situait entre 75 dollars et 80 dollars le baril. Au cours de sa réunion hebdomadaire, le Conseil des ministres a, en effet, passé en revue les résultats de la dernière réunion de l'Opep, qui a décidé, le 28 mai à Vienne, de maintenir inchangé son plafond de production alors que les prix du brut augmentent. L'Arabie saoudite, avait, rappelons-le, décidé de garder son plafond de 24,84 millions de barils par jour (mbj) pour éviter de fragiliser la reprise de l'économie mondiale. Les prix du pétrole ont pris ces derniers jours une tendance haussière dépassant les 68 dollars le baril, un plus haut depuis près de sept mois, dopés par la faiblesse du dollar, l'optimisme du marché et l'appétit pour les matières premières. Lundi encore le baril a inscrit un nouveau plus haut à New York. Le brut a repassé le seuil des 68 dollars, seuil plus atteint depuis fin octobre, après qu'une baisse du billet vert face à l'euro eut poussé les investisseurs à se porter vers les matières premières. Dans une note d'analyse technique, la banque Standard Chartered a estimé que les cours avaient suffisamment d'élan pour monter jusqu'à 76,77 dollars, un seuil considéré comme une résistance. "Dans un monde où les risques sur le système financier ont baissé et où l'économie pourrait avoir passé le pire de la crise, le baril tente purement de revenir à un niveau de prix qui soit tenable à long terme", complétait Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. Les producteurs -- qu'il s'agisse des pays membres de l'Opep ou des compagnies pétrolières internationales -- font savoir depuis des mois qu'un pétrole inférieur à 80 dollars décourage les investissements dans l'exploration et la production. Notons que le ministre de l'Energie Chakib Khélil a prévu un pétrole dont le prix oscillerait entre 70 et 75 dollars en 2010, au cas où une reprise de l'économie mondiale viendrait stimuler la demande de brut. "Pour l'année prochaine, nous prévoyons des prix entre 70 et 75 dollars", a-t-il déclaré dimanche à la presse en marge de la présentation du bilan 2008 de la commission de régulation de l'électricité et du gaz. "En termes de prix, nous ne pouvons faire que des prévisions approximatives", a-t-il cependant précisé. "Nous estimons que nous allons atteindre 60 à 65 dollars d'ici la fin de cette année (2009), et si l'économie mondiale reprenait début 2010, particulièrement dans l'Union européenne, ça donnerait un coup de fouet à la demande pétrolière qui se traduirait par des prix entre 70 et 75 dollars." Chakib Khélil a encore expliqué que "l'augmentation de la demande européenne pourrait contribuer à faire baisser les stocks et aider au retour des fondamentaux du marché que sont l'offre et la demande". Commentant le dernier redressement des prix, qui ont récemment retrouvé le seuil de 65 dollars, le ministre algérien de l'Energie noté que "l'espoir d'une relance économique mondiale a poussé au stockage du pétrole (par les investisseurs), ce qui a créé une demande pour le stockage". De son côté, le ministre koweïtien du Pétrole, Ahmad Abdallah Al-Sabah, a indiqué dimanche que son pays n'était pas favorable à des niveaux élevés du prix du brut car nuisibles à l'économie mondiale. "Nous ne voulons pas voir les prix (du brut) à plus de cent dollars/baril car cela alimenterait encore la récession" dans le monde, a déclaré le ministre aux journalistes au Parlement. Interrogé sur la récente hausse des cours du brut, cheikh Ahmad a indiqué que "le marché réagissait à des sentiments et non à des fondamentaux". Synthèse A.C.