Le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a déclaré vendredi que les prévisions économiques que publiera l'institution la semaine prochaine feront apparaître une "légère amélioration" pour 2010 et 2011. "La reprise est plus forte et plus rapide que prévu, ce qui est une bonne nouvelle", a déclaré D. Strauss-Kahn lors d'un entretien accordé à Dow Jones Newswires. Il a cependant ajouté qu'il ne fallait pas tomber dans un optimisme excessif. Au mois de janvier, le FMI a déjà relevé à 3,9% son estimation de la croissance économique mondiale en 2010. Un nouveau relèvement de ses projections ramènera cette estimation à un niveau proche des taux qui prévalaient avant la crise financière. Entre 2000 et 2007, la croissance mondiale s'est élevée en moyenne à 4,2%. L'économie mondiale se redresse plus rapidement que prévu, grâce en particulier à l'accélération de la croissance dans les pays émergents et en développement, a déclaré le patron du FMI. La reprise est plutôt rapide en Amérique du Sud et en Afrique, a-t-il souligné. Mais la demande du secteur privé au Japon et en Europe reste faible, et la reprise économique est particulièrement lente en Europe, a-t-il déclaré. Une augmentation du chômage étant attendue pendant de nombreux mois encore, le directeur général du FMI estime qu'il est difficile dans ces confitions de déclarer la crise terminée. La croissance dans les pays développés ayant jusqu'à présent été soutenue par les dépenses publiques, il faut prendre garde à ne pas adopter prématurément des mesures de rigueur budgétaire, a-t-il mis en garde. Il faut continuer de stimuler la demande et ne pas retirer les mesures de relance, a-t-il précisé. "Mais dès 2011, dans la plupart des économies avancées, il sera temps de mettre en oeuvre une stratégie de sortie", a-t-il ajouté, car la demande privée devrait s'être redressée d'ici là, selon les estimations du FMI. D. Strauss-Kahn a déclaré s'attendre à une réévaluation du yuan, qu'il juge dans l'intérêt de la Chine, mais a ajouté que cette décision appartenait aux autorités chinoises. Pour pouvoir déclarer la crise terminée, il faudra selon lui que la demande privée se soit suffisamment redressée, et le FMI reste donc prudent pour le moment. La nervosité croissante suscitée par l'accumulation de dette souveraine constitue également un risque, comme le montrent les problèmes de la Grèce, a-t-il ajouté. "La Grèce est bien sûr l'exemple le plus en vue, mais il existe des risques souverains", a-t-il dit sans citer de pays en particulier. Certains pays pourraient être en mesure d'abandonner les mesures de relance plus tôt que prévu, a-t-il noté. Mais alors que la dette des pays avancés devrait selon les prévisions augmenter en moyenne de 35 points de pourcentage d'ici à 2014, à 115% du produit intérieur brut contre 80% avant la crise, les mesures de relance ne contribueront selon lui qu'à hauteur d'environ 3 points de pourcentage à cette hausse. Or sans ces mesures de relance, la croissance serait encore plus faible et le niveau d'endettement encore plus élevé, a-t-il expliqué.