Le climat reste tendu dans le centre de Bangkok, où les manifestants occupent depuis trois semaines un quartier touristique et commerçant autour duquel ils ont bâti des barricades.Bangkok se préparait hier à de nouvelles violences après le rejet par le gouvernement de l'offre de compromis des "chemises rouges" qui tiennent toujours le quartier commerçant du cœur de Bangkok. Les chefs de file des partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra ont prévenu les manifestants qu'ils devaient s'attendre à une intervention militaire, et ont retiré leur offre d'accorder un mois au gouvernement pour organiser des élections anticipées. Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva maintient son projet de les organiser en décembre, soit un an avant la date prévue. Les "chemises rouges" les exigent immédiatement. "Nous ne devons pas créer un précédent qui autoriserait des changements politiques par l'intimidation", a déclaré le chef du gouvernement dans son allocution hebdomadaire à la télévision. "Un délai de trente jours est hors de question. Je ne crois pas que le problème puisse être résolu en trente jours", a-t-il poursuivi. Selon lui, la proposition de ses adversaires, qui ne peut pas être étudiée sous la contrainte, n'était pas sincère et n'était destinée qu'à leur conférer le beau rôle. Après le rejet de leur offre, les manifestants menacent désormais de s'emparer de Central World, le deuxième centre commercial d'Asie du Sud-Est, situé à proximité du quartier qu'ils occupent. "Si vous voulez récupérer Central World, vous devez immédiatement retirer les forces armées hors du quartier de Rajaprasong", a prévenu Jatuporn Prompan, l'un des dirigeants du mouvement. Samedi, l'armée a prévenu qu'elle disperserait les manifestants par la force pour évacuer le secteur d'environ 3 km2 qu'ils ont barricadé et dans lequel ils sont plusieurs milliers à s'être retranchés. Les militaires assurent cependant vouloir en premier lieu séparer les manifestants des femmes et des enfants. Jatuporn a invité les manifestants à se débarrasser de leurs vêtements rouges pour empêcher les forces de l'ordre de les identifier. "Nous enlèverons nos chemises rouges pour porter d'autres couleurs, mais nos objectifs et nos idéaux resteront les mêmes", a-t-il proclamé. Toute tentative d'évacuer le quartier par la force risque de causer de nombreuses victimes et de propager les heurts dans des quartiers résidentiels de luxe dont les habitants commencent déjà à partir. En six semaines, les heurts ont fait 25 morts et plus de 800 blessés. A environ 500 kilomètres au nord de Bangkok, des "chemises rouges" ont dressé un barrage sur une route de la province d'Udon Thani et ont bloqué un convoi de 150 policiers qui se rendait dans la capitale pour renforcer le dispositif de sécurité. La police a fait marche arrière mais les manifestants continuaient d'occuper la route, a précisé un responsable. Il semble que les militaires thaïlandais soient contraints de composer avec des éléments dissidents qui soutiennent les manifestants et conservent des sympathies pour Thaksin, renversé par un coup d'Etat en 2006. Le premier ministre Abhisit Vejjajiva s'est adressé hier au peuple pour expliquer son refus de céder aux manifestants qui réclament la dissolution du parlement et de nouvelles élections, laissant planer la menace d'une intervention de l'armée. Dans un entretien accordé à la télévision thaïlandaise, il a pris acte de la rupture, la veille, des négociations avec les "chemises rouges" qui jugent son gouvernement illégitime. Ce refus met fin aux espoirs d'une résolution rapide et pacifique du conflit. Vendredi, les "chemises rouges" avaient assoupli leur position devant la montée des tensions à Bangkok. Les protestataires, qui au départ réclamaient la démission immédiate du premier ministre, lui ont donné 30 jours pour dissoudre le Parlement et convoquer de nouvelles élections. Samedi, Abhisit leur a opposé une fin de non recevoir.