Les 186 pays actionnaires du groupe de la Banque mondiale ont donné dimanche leur aval à une injection de capital de plus de 86 milliards de dollars et à l'augmentation du poids des pays en développement, en procédant à des transformations historiques pour préparer l'institution, qui a pour mission de lutter contre la pauvreté, au monde différent qui émergera de la crise mondiale. Ainsi, la Banque mondiale a pris acte du poids croissant de la Chine dans l'économie mondiale, en augmentant dimanche la part de Pékin en termes de droits de vote. La Chine figure désormais derrière les deux principaux autres contributeurs de l'établissement, les Etats-Unis et le Japon, devant 183 autres nations membres, dont la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Après l'augmentation du capital de l'institution à 3,5 milliards de dollars, la première en 20 ans, Pékin détient 4,42% des droits de vote, contre 15,85% pour Washington et 6,84% pour Tokyo. Aussi, le Comité de développement du conseil des gouverneurs s'est déclaré en faveur de la nouvelle stratégie de la Banque pour l'après-crise et d'un ensemble de réformes de grande envergure visant à rendre la Banque plus rapide, plus souple et rendant mieux compte de son action. "Nous sommes reconnaissants aux pays qui sont nos actionnaires de cet important vote de confiance" a fait remarquer le président du Groupe de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick. "Ce capital supplémentaire peut être utilisé pour créer des emplois et protéger les plus vulnérables par le biais d'investissements dans l'infrastructure, dans de petites et moyennes entreprises et dans des filets de protection sociale. L'ajustement du pouvoir de vote nous aide à mieux refléter les réalités d'une nouvelle économie mondiale multipolaire dans laquelle des pays en développement jouent maintenant un rôle clé. Cet accord est encore plus important si l'on considère la difficulté à parvenir à des accords multilatéraux entre pays développés et les pays en développement." La Banque précise l'orientation stratégique de ses activités sur les domaines dans lesquels elle peut ajouter le plus de valeur, pour cibler les populations pauvres et vulnérables, en particulier en Afrique subsaharienne, créer des opportunités de croissance, surtout dans l'agriculture et l'infrastructure) promouvoir une action collective mondiale dans des domaines aussi divers que le changement climatique, les échanges commerciaux, l'agriculture, la sécurité alimentaire, l'énergie, l'eau et la santé, renforcer la gouvernance et la lutte contre la corruption et enfin se préparer aux crises. La série de mesures prises par la Banque mondiale constitue le programme de réforme le plus vaste jamais entrepris par l'institution. Ces mesures couvrent, notamment une nouvelle politique d'accès à l'information, inspirée par la législation indienne et la loi sur la liberté de l'information aux États-Unis, qui place la Banque dans une position de chef de file en ce domaine parmi les institutions multilatérales. L'initiative d'accès libre aux données de la Banque, lancée la semaine dernière, fait de la Banque mondiale la première institution à donner gratuitement et facilement accès à ses données sur les pays en développement. Une réforme des prêts d'investissement mettra plus l'accent sur la recherche de résultats, la rapidité et la prestation de services, et le renforcement de la gestion des risques. Le renforcement des efforts de promotion de la gouvernance et de la lutte contre la corruption donnera lieu à un accroissement des ressources au titre de la prévention et à la poursuite de sanctions coordonnées pour lutter contre la corruption, notamment le nouveau système d'exclusion croisée mis en place avec les banques multilatérales de développement, qui a été annoncé durant le mois courant.