Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Le président la Banque africaine de développement, M. Kaberuka, a inauguré jeudi dernier le bureau de l'institution à Alger en présence des ministres des Affaires étrangères et des Finances, MM. Mourad Medelci et Karim Djoudi, ainsi que des chefs de missions diplomatiques des pays membres de la BAD. Le ministre des Finances, lors de son allocution, s'est félicité de l'ouverture de ce bureau qui augure à ses yeux d'une nouvelle étape dans la coopération entre les deux parties. L'ouverture traduit «l'engagement de l'Algérie à continuer à jouer un rôle de premier plan dans les initiatives régionales, favorisant l'intégration économique du continent», a-t-il dit. Djoudi a précisé durant son intervention qu'en raison de la décision de l'Algérie de ne plus recourir aux emprunts extérieurs, l'appui de la banque se fera dans le cadre de la nouvelle orientation de la coopération convenue avec les deux parties. Ainsi, selon ses dires, la banque privilégiera l'assistance technique, le conseil, le renforcement des capacités, les travaux analytiques et la promotion du secteur privé. Pour sa part, M. Kaberuka a salué les réalisations de l'Algérie sur les plans économique et social durant les dernières années. Les réformes entreprises par l'Algérie, 4e plus grand actionnaire de la BAD, «ont été poursuivies vigoureusement et avec succès. Les retombées positives d'une gestion prudente des finances publiques, combinées à une politique volontariste des grands projets structurants, commencent à se manifester», a-t-il affirmé. Le président de la BAD a par ailleurs révélé, lors d'un point de presse animé à l'issue de l'inauguration, que les gouverneurs représentant les pays membres africains ont décidé la semaine dernière à Tunis d'augmenter le capital de la banque à hauteur de 200% pour le porter de 32 milliards de dollars (mds) actuellement à 96 mds de dollars. «Cette augmentation du capital, commente le conférencier, est très importante puisqu'elle va donner à la BAD des moyens supplémentaires pour financer le développement dans le continent.» M. Kaberuka précisera néanmoins que la banque attendait maintenant la réaction des pays actionnaires non africains, en mai prochain, quant à leur éventuelle participation à cette augmentation. Pour ce qui concerne l'Algérie, Djoudi a soutenu que si notre pays «veut préserver ses droits de vote et sa position dans le capital de la BAD, il faudra qu'il souscrive à l'augmentation du capital», précisant qu'aucune décision n'a été encore prise par l'Algérie concernant les montants à souscrire. Créée en 1963 à Khartoum, la BAD est une institution multilatérale régionale de financement du développement dont le capital est détenu à 60% par les pays africains et à 40% par des pays hors-Afrique. Le groupe de la BAD, qui comprend la Banque africaine de développement, le Fonds africain de développement (FAD) et le Fonds spécial du Nigeria (FSN), compte parmi les cinq principales banques multilatérales de développement au monde. 78 Etats sont actionnaires, dont 53 pays membres régionaux (tout le continent africain) et 25 membres non régionaux pays de l'Union européenne, Etats-Unis, Argentine, Brésil, Canada, Chine, Inde, Japon, Arabie saoudite et Turquie). Durant la crise économique mondiale, la BAD a porté son financement aux pays africains de 5,8 milliards de dollars par an à 11,6 mds de dollars, selon les chiffres fournis par M. Kaberuka. Depuis trois ans, la BAD a augmenté le financement des projets du secteur privé en Afrique, atteignant actuellement le rythme de 1,5 md de dollars/an. Toujours selon M. Kaberuka, la crise économique mondiale en Afrique s'est traduite par une baisse des exportations et des flux d'investissements directs étrangers, tablant toutefois sur une croissance de 5,5% pour le contiennent en 2010.