La Banque africaine de développement a décidé d'augmenter son capital à hauteur de 200% pour le porter de 32 milliards de dollars, actuellement à 96 milliards de dollars. Cette décision ne pose apparemment pas de problème à l'Algérie. C'est ce qu'a déclaré, en substance, le ministre des Finances, M.Karim Djoudi, jeudi dernier. Cette déclaration a été faite à Alger à l'occasion de l'inauguration du Bureau national de la BAD en Algérie. La cérémonie d'inauguration s'est déroulée en présence du président de cette institution bancaire régionale, M.Donald Kaberuka, et du ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, ainsi que des chefs de missions diplomatiques des pays membres de la BAD. Cette augmentation du capital est très importante puisqu'elle va donner à la BAD des moyens supplémentaires pour financer le développement dans le continent, selon M.Donald Kaberuka. Il ajoute qu'il attend la réaction des pays actionnaires non-africains en mai prochain quant à leur éventuelle participation à cette augmentation. Pour ce qui est de l'Algérie, M.Djoudi pense qu'elle doit préserver ses droits de vote et sa position dans le capital de la BAD. Pour ce faire, elle est appelée à souscrire à l'augmentation du capital, selon le ministre. Même s'il précise qu'aucune décision n'a été encore prise concernant les montants à souscrire. L'Algérie est le 4e plus grand actionnaire de la BAD et elle veut apparemment le rester. Les disponibilités financières dont elle dispose le lui permettent. Cette situation n'a pas échappé au président de la BAD. M.Kaberuka a souligné le rôle important du pays dans le processus de transformation de cette banque, qui a contribué à en faire une institution capable, crédible et respectée auprès des milieux financiers internationaux. Suite à l'inauguration du siège de l'institution, il s'est prononcé, au cours d'une conférence de presse, sur les réformes économiques en Algérie en soulignant qu'elles ont été poursuivies vigoureusement et avec succès. Il ajoute que les retombées positives d'une gestion prudente des finances publiques, combinées avec une politique volontariste des grands projets structurants, commencent à se manifester. Le même responsable a réitéré l'engagement de la BAD à soutenir les efforts de l'Algérie dans ses réformes. M.Kaberuka a mis en exergue les réalisations de l'Algérie sur les plans économique et social durant les dernières années, soulignant qu'elle a su garder le cap malgré les défis multiples de la crise financière internationale. M.Djoudi a été sensible à cette reconnaissance. Il s'est alors félicité de l'ouverture du bureau de la BAD en indiquant qu'il augure d'une nouvelle étape dans la coopération entre les deux parties. Cette ouverture traduit, selon lui, l'engagement de l'Algérie à continuer à jouer un rôle de premier plan dans les initiatives régionales, favorisant l'intégration économique du continent. Depuis l'apparition de la crise économique mondiale, la BAD a porté son financement aux pays africains de 5,8 milliards de dollars par an à 11,6 milliards de dollars, selon M.Kaberuka. Depuis trois ans, la BAD a augmenté le financement des projets du secteur privé en Afrique atteignant actuellement le rythme de 1,5 milliard de dollars/an. En Algérie, l'activité de la Banque se limite à des études et du conseil sur la réforme financière. Dans l'ensemble du continent africain, M.Kaberuka a expliqué que la crise économique mondiale s'est traduite par une baisse de exportations et des flux des investissements directs étrangers. Il table alors sur une croissance de 5,5% pour le continent en 2010. La Banque est créée en 1963 à Khartoum et elle est une institution multilatérale régionale de financement du développement, dont le capital est détenu à 60% par les pays africains et à 40% par des pays hors-Afrique. Le groupe de la BAD, qui comprend la Banque africaine de développement, le Fonds africain de développement et le Fonds spécial du Nigeria, compte parmi les cinq principales banques multilatérales de développement au monde. Ses actionnaires sont composés de 78 Etats, dont 53 pays membres régionaux (tout le continent africain), et 25 membres non régionaux (les pays de l'Union européenne, les Etats-Unis, Argentine, Brésil, Canada, Chine, Inde, Japon, Arabie Saoudite et Turquie). Le Bureau d'Alger de cette banque continentale porte désormais à 25 le nombre de ses bureaux extérieurs ouverts depuis 2005.