Malgré les 750 milliards d'euros mis sur la table par l'Union européenne pour aider les pays de la zone euro qui font face à des déficits publics record, les Bourses européennes restent fébriles et la devise européenne prend du plomb dans l'aile. Hier, l'euro valait 1,2715 dollar contre 1,2778 dollar, lundi. Certains observateurs disent redouter une nouvelle dépréciation de la devise européenne à court ou moyen terme. Aussi, l'économiste en chef de la première banque allemande, Deutsche Bank, a dit s'attendre à ce que l'euro continue de s'affaiblir, au point d'évoquer une possible parité euro-dollar, tandis que les craintes d'une inflation enflent en Allemagne. Une question se pose alors, quel sera l'impact de l'appréciation du dollar par rapport à l'euro sur l'Algérie. Il faut dire que pendant longtemps plusieurs économistes insistaient sur le fait que l'affaiblissement du dollar par rapport à l'euro a un impact négatif sur les finances publiques en Algérie, d'autant plus que les exportations de l'Algérie sont libellées en dollars alors que ses importations le sont en euros. En se plaçant de ce point de vue, la dépréciation de l'euro ne peut être perçu que comme une bonne nouvelle. Mais cela n'est que la face émergée de l'iceberg. En finances publiques, on ne pourrait en aucun cas se limiter à des calculs aussi simples il faut creuser plus profondément en explorant les possibles conséquences de cette situation nouvelle sur le taux de change du dinar. Celui-ci, notons-le, obéit à un flottement dirigé. Le taux de change effectif réel du dinar, à fin 2009, est resté proche de l'équilibre, avec une dépréciation moyenne d'environ 2%, contre une appréciation de 1,6% en moyenne en 2008. Néanmoins, le taux de change du dinar reste fortement corrélé au prix du pétrole et au dollar. Avec des prix du pétrole qui se maintiennent à des niveaux assez élevés (entre 75 et 85 dollars le baril) et une appréciation du dollar par rapport à l'euro, on pourrait s'attendre à court terme à une appréciation de la valeur du dinar. Quel impact aurait une telle situation sur le risque de change pour les entreprises ? pour les importateurs, c'est une bonne nouvelle. En effet, une telle situation ne ferait que renforcer le pouvoir d'achat de l'Algérie. Situation plutôt paradoxale dans le contexte actuel des choses, dans le sens où les autorités cherchent par tous les moyens à juguler l'envolée des importations à travers l'annulation du crédit à la consommation, l'instauration du Credoc comme seul mode de financement dans les opérations de commerce extérieur ainsi que l'instauration d'un mécanisme de suivi des importations en franchise des droits de douanes dans le cadre des accords de libre-échange. Cela s'est traduit par une baisse de l'ordre de 6,79% des importations. Néanmoins, une appréciations du dinar n'arrangerait pas les affaires des investisseurs et cela pour deux raisons. L'une ayant un rapport direct avec l'augmentation des coûts. Un dinar plus fort, même si cela doit être marginal induit automatiquement une hausse des coûts de la main-d'œuvre et des dépenses de fonctionnement. L'autre a trait au coût des financements. Pour faire face au risque de dépréciation du dinar, les entreprises recourent en général à l'achat des devises à terme et tout simplement au financement local. Dans ce cas précis, une appréciation du dinar induit un augmentation des coûts du crédit. Plus globalement, et en termes plus macroéconomiques il faut signaler qu'une dépréciation de l'euro a un impact également sur nos réserves de change, étant donné que 42% de nos réserves sont placés en euros.