Nouvelles violences meurtrières à Bangkok : les soldats thaïlandais ont tiré vendredi sur des manifestants antigouvernementaux lors d'émeutes près des ambassades des Etats-Unis et du Japon. En moins de 24 heures, deux personnes ont été tuées et au moins 45 autres blessées, dont au moins deux journalistes thaïlandais et un journaliste canadien anglophone La dernière évolution à Bangkok est intervenue suite à la déclaration faite par le Centre de gestion des situations de crise (CRES), qui a affirmé plus tôt qu'il continuera à faire pression sur les "chemises rouges" afin de mettre fin à leur rassemblement prolongé. Les forces de l'ordre ont commencé jeudi soir à boucler le site de regroupement fortifié des "chemises rouges", provoquant de violents affrontements au cours desquels Khattiya Sawasdipol, le conseiller militaire en chef des protestataires, a été admis dans un hôpital après avoir été atteint par une balle à la tête. L'armée a décidé d'intervenir pour déloger les militants des "Chemises rouges" retranchés depuis plus de cinq semaines dans le centre de la capitale. Vendredi, un homme de 33 ans a succombé à une blessure par balle à la poitrine après son transfert à l'hôpital, a précisé le Dr Suwinai Busarakamwong de l'hôpital Kluay Namthai. Il s'agit du deuxième décès rapporté en moins de 24 heures, après la mort d'un militant des "Chemises rouges" au cours de la nuit. Les affrontements qui ont donné lieu à de véritables scènes de guérilla urbaine ont aussi fait au moins 45 blessés, dont un photographe thaïlandais et un correspondant canadien anglophone de France 24, Nelson Rand. Le journaliste a été transporté dans un hôpital pour y être opéré, après avoir été touché de trois balles, a précisé Cyril Payen, un correspondant de la chaîne à Bangkok. Cet incident "grave" a été vivement déploré par le ministère français des Affaires étrangères. Nelson Rand a subi "une très très longue opération chirurgicale qui a duré plus de quatre heures. Il a été très très lourdement touché, à la jambe, à l'abdomen et aussi au bras. Pour l'instant il est en train d'être réanimé mais selon les chirurgiens, sa vie n'est pas en danger pour autant. Il a été grièvement blessé par trois balles de fusil d'assaut M16", a ainsi précisé M. Payen à la chaîne de télévision France 24. Les violences ont connu une escalade après un tir contre un général renégat, considéré comme un conseiller militaire des protestataires. Khattiya Sawasdiphol a été grièvement blessé par balle à la tête, déclenchant de nouveaux combats de rue. "Nous sommes encerclés. Nous sommes écrasés. Les soldats sont en train de nous cerner. Ce n'est pas encore la guerre civile, mais c'est très très cruel", a déclaré à l'Associated Press Weng Tojirakarn, un des responsables des manifestants. Jeudi soir, l'armée a entrepris de boucler le camp des "Chemises rouges", occupant trois kilomètres carrés dans le quartier Rajprasong, haut lieu du commerce à Bangkok. Quelque 10.000 manifestants, dont des femmes et enfants, s'y entassent depuis le 3 avril. D'abord circonscrites à une petite zone abritant plusieurs ambassades, les émeutes s'étendaient vendredi dans l'après-midi à des secteurs alentour. Dans l'une des zones d'affrontements, des soldats accroupis derrière un parapet tiraient à balles réelles et lançaient des gaz lacrymogènes. Des véhicules de l'armée sillonnaient à vive allure des rues désertes jonchées de pierres et de débris. Des protestataires reculaient, lançant pierres et insultes.