Après avoir relancé lundi les négociations avec le Mercosur, l'Union européenne a conclu mardi un accord de libre-échange avec les pays d'Amérique centrale avant d'en officialiser deux autres mercredi avec la Colombie et le Pérou. Pour parvenir à l'accord, les Européens ont dû renoncer à exporter 4 500 tonnes annuelles de lait en poudre face à l'opposition de l'Amérique centrale. Ils pourront finalement en vendre 1 900 tonnes et, en contrepartie, exporter jusqu'à 3 000 tonnes annuelles de fromage, selon la Commission européenne. L'accord inclut l'ouverture totale du commerce des produits industriels dans les deux sens, ce qui bénéficiera surtout aux Européens, qui auront en outre dans dix ans la voie libre pour vendre des automobiles, un meilleur accès aux services et à l'investissement 'dans tous les secteurs-clés'. De leur côté, les pays d'Amérique centrale pourront exporter pour la première fois de la viande bovine et du riz en quantité limitée par des quotas. Ils bénéficieront progressivement, d'ici dix ans, de droits de douane préférentiels pour leurs exportations de bananes, qui passeront de 146 euros par tonne actuellement à 75 euros. Le sixième sommet UE-Amérique Latine a en outre été l'occasion pour la soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement des deux régions réunis mardi à Madrid de resserrer les liens politiques, en particulier sur les questions liées à la crise économique et à la lutte contre le changement climatique. Le bloc communautaire espère aussi et surtout désormais avancer dans les négociations avec le Mercosur afin de couvrir pratiquement l'intégralité du continent. La dimension des pays concernés - Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay - et leur poids sur l'échiquier commercial international rendent cependant les négociations plus sensibles. Un groupe d'une quinzaine d'Etats, emmenés par la France, ont fait valoir ces derniers jours que les intérêts stratégiques de l'agriculture européenne pourraient être mis en danger par une libéralisation trop forte des échanges. Réuni avec ses homologues européens lundi à Bruxelles, le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a prévenu qu'un tel accord pourrait se traduire par un bond de 70% des importations de boeuf et de 25% des importations de volailles, alors même que le secteur agricole européen est touché de plein fouet par la crise internationale. En 2004, les négociations en vue de créer une zone de libre-échange de 750 millions de consommateurs avaient déjà été arrêtées à la suite d'un différend lié en grande partie à l'accès des exportateurs du Mercosur aux marchés agricoles en Europe.