Le président afghan, Hamid Karzaï, dans son discours d'ouverture de la Jirga consultative nationale de paix (assemblée traditionnelle des tribus, NDLR), qui s'est ouverte mercredi dans la capitale Kaboul, a appelé tous les groupes armés de l'opposition à abandonner le militantisme et à rejoindre le processus pour la paix. "Ici, j'appelle tous les Afghans qui sont mécontents du gouvernement à rentrer chez eux, à reprendre une vie normale et à rejoindre le processus de paix", a déclaré M. Karzaï devant un public de plusieurs centaines de personnes, rassemblées dans une tente immense, sous une sécurité renforcée. Les talibans et le parti islamique de l'ancien Premier ministre, Gulbudin Hekmatyar, le Hizb-e-Islami (la plus grande des factions du parti Hezbi Islami d'Afghanistan, NDLR) sont les principaux groupes armés de l'opposition combattant les forces afghanes et celles dirigées par l'Otan, basées dans ce pays post-talibans en Asie centrale. "Notre voix est la voix de la paix, la paix pour les fils et les filles de ce pays. J'appelle les talibans et les autres à cesser de tuer les fils de cette terre et détruire ce pays", a ajouté le président. Ce dernier a, en outre, appelé les participants à la Jirga de la paix à trouver une solution à l'amiable pour les problèmes du pays et à assurer une paix durable dans le pays. "Il est de notre responsabilité de discuter les voies et les moyens en vue d'atteindre un consensus national, afin de mettre un terme à la souffrance du peuple et à assurer une paix durable dans notre pays", a insisté le dirigeant afghan. Le gouvernement afghan avait déjà appelé à maintes reprises les groupes d'insurgés à se rendre et à participer au processus de paix afin de mettre un terme aux violences et rétablir la sécurité, mais cet appel n'a pas eu d'écho auprès des chefs talibans. Le discours du président afghan a été interrompu par une attaque lancée par un groupe de talibans qui ont pris d'assaut la tente abritant cette rencontre, et ce, en dépit des 12.000 membres des forces de sécurité déployés par les autorités dans la capitale pour prévenir d'éventuelles violences. Des médias, citant les autorités et des témoins, ont rapporté plus tôt dans la journée que trois explosions ont retenties près de la tente qui abritait la réunion. Selon le ministre afghan de la culture, Farouq Wardak, trois assaillants portant "des burqas" se sont retranchés dans une maison en construction et ont tiré des roquettes visant le lieu de la rencontre. Quelques moments après cette attaque, deux talibans ont été abattus et un autre arrêté par la police afghane qui a encerclé l'endroit où se tenait la réunion, en assurant que la situation était sous contrôle. La "Jirga consultative nationale de paix", qui se tient sous une immense tente dressée dans une université de Kaboul, rassemble quelque 1.600 représentants d'ethnies, tribus et pouvoirs locaux, ainsi que des diplomates étrangers. Il s'agit de la troisième Jirga depuis la chute des talibans fin 2001, les précédentes ayant pour l'une permis de choisir un leader provisoire au pays, Hamid Karzaï, réélu depuis à deux reprises à la tête du pays, et la seconde portant sur la dotation du pays d'une constitution. La réunion doit évoquer les mesures à prendre pour tenter de sortir le pays du conflit armé qui fait chaque année des morts parmi les civils ainsi que les moyens de rétablir la paix. La communauté internationale a apporté son soutien à la Jirga qui avait été précédée par l'annonce d'un plan de "réconciliation" du président Karzaï avec les talibans. Ces derniers, qui n'ont pas été invités, ont d'ores et déjà dénoncé cette Jirga comme un outil de "propagande" des "forces d'invasion"(coalition internationale). L'insurrection talibane a intensifié ces derniers mois ses attaques contre les forces afghanes et étrangères notamment dans le sud du pays, où une opération devait y avoir lieu prochainement pour reprendre les régions sous contrôle des insurgés. Fortes de plus de 120.000 soldats étrangers, deux tiers américains, les troupes internationales, déployées en Afghanistan depuis 2001, sont chargées de soutenir le gouvernement afghan et ses forces de sécurité pour mettre fin aux violences des talibans. Afin d'appuyer les efforts internationaux pour rétablir la sécurité dans ce pays, Washington avait décidé en décembre dernier d'envoyer 30.000 soldats supplémentaires américains sur le sol afghan.