Stratégie n Cette assemblée tradionnelle afghane de paix s'est ouverte ce matin en présence du président Hamid Karazaï. Objectif principal : appeler à la réconciliation comme ultime solution pour faire sortir ce pays de la guerre. La session a débuté par une lecture du Coran devant 1 600 représentants d'ethnies, tribus, pouvoirs locaux et ONG, ainsi que des diplomates étrangers. Cette assemblée traditionnelle est la troisième depuis la chute des talibans fin 2001. Les précédentes avaient visé à doter le pays d'un leader provisoire - Hamid Karzaï, élu depuis à deux reprises à la tête du pays - et d'une Constitution. La «Jirga consultative nationale de paix» doit cette fois évoquer les mesures à prendre pour tenter de sortir le pays d'une guerre qui fait plus de morts chaque année parmi les civils, mais aussi parmi les forces internationales. «La responsabilité du gouvernement est de faire rentrer chez eux les talibans responsables de l'oppression, qui ont fui le pays ou qui ont pris les armes», a déclaré M. Karzaï. «Il y a des milliers de talibans dans cette situation : ce sont simplement des gens comme nous», a-t-il ajouté. La communauté internationale a apporté son soutien à la jirga qui avait été précédée par l'annonce d'un plan de «réconciliation» du président Karzaï avec les talibans. Cette jirga intervient au moment où les forces internationales déploient les renforts, promis fin 2009 par le président américain, Barack Obama, lesquels porteront d'ici août à 150 000 les effectifs étrangers dans le pays. En dépit des hautes mesures sécuritaires ayant entouré cette manifestation, les talibans irréductibles ont fait preuve de force. En effet, ils ont lancé des attaques à la roquette. Deux kamikazes ont été tués et un troisième capturé, selon les organisateurs, et deux personnes, dont un civil, ont été blessées par des roquettes. Les assaillants étaient dissimulés sous des burqas, selon les officiels. Les travaux de la jirga - cette assemblée traditionnelle consultative réunie sous une immense tente dans une université de la capitale - n'ont toutefois pas été interrompus. Cinq roquettes au total avaient explosé, l'une près d'un grand hôtel à proximité du campus de l'université polytechnique où se tient la jirga, les autres non loin du bâtiment de l'université. Les premières explosions ont retenti au moment même où le président Hamid Karzaï prononçait son discours d'ouverture. M. Karzaï s'est interrompu brièvement et a ironisé : «Quelqu'un essaie peut-être de tirer une roquette.» «Soyez sans crainte, continuons», a-t-il ajouté, applaudi par l'assistance. Les talibans, qui avaient dénoncé la jirga comme un outil de «propagande» des «forces d'invasion», ont multiplié, ces deux dernières années, les attaques commandos et attentats suicide au coeur de Kaboul, la ville pourtant la plus sécurisée du pays, où sont déployés des dizaines de milliers de soldats étrangers et de policiers et militaires afghans.