La réorientation des activités de la Banque de l'agriculture et du développement rural " Badr Bank " vers le financement des activités agricoles prend corps. En effet, la Badr a accordé près de 11 milliards de DA de crédits sans intérêts (R'fig) au titre de la campagne céréalière 2009-2010. Le P-DG de la Banque Boualem Djebbar a, en effet, indiqué hier dans un entretien à l'Agence presse services que "le nombre de dossiers de financements effectués directement par la Badr a dépassé 15.000 pour un montant de près de 11 milliards de DA". Ce montant "est en nette augmentation" par rapport à la saison dernière, au cours de laquelle la banque a accordé près de 7 milliards DA de crédits dont plus de 80% ont été remboursés. Outre le crédit R'fig, d'autres céréaliculteurs ont bénéficié de crédits fournisseurs auprès des Coopératives des céréales et des légumes secs (CCLS) lesquelles sont soutenues par un financement Badr. Ce qui porte le nombre de céréaliculteurs financés directement ou indirectement par la Badr à plus de 30.000 agriculteurs pour les deux campagnes, selon le même responsable. M. Djebbar a souligné, par ailleurs, que l'intervention de sa banque dans cette filière stratégique "ne se limite pas uniquement au financement des intrants, mais elle s'étend également au financement de la mécanisation des campagnes labours-semailles et moissons-battages". Il a fait savoir, dans ce contexte, que le financement à travers le dispositif leasing "a dépassé 7 milliards DA pour les moissonneuses-batteuses et les tracteurs destinés à la campagne 2009/2010". La banque a intégré aussi "le financement du matériel d'irrigation tel que les pivots que nous avons intégrés au financement par leasing", a-t-il ajouté. "C'est un matériel soutenu par l'Etat qui permet d'intensifier et d'augmenter le rendement de la céréaliculture", a-t-il souligné. Outre la céréaliculture, la Badr a accordé des crédits de campagne à d'autres filières, entre autres, la pomme de terre pour environ 2 milliards DA, l'aviculture (900 millions DA), les maraîchages (200 millions DA), l'arboriculture (100 millions DA) et les élevages notamment bovin et ovin pour 100 millions DA. Notons qu'une convention de financement de 20 milliards de DA portant sur la réalisation de trois complexes d'abattage de viandes ovines et bovines au niveau des Hauts-Plateaux et 6 entrepôts frigorifiques d'une capacité totale de 627.000 m3 à travers le territoire national, a été signée dimanche entre la Badr et la Société de gestion des participations des productions animales SGP-Proda. Cet accord porte sur la réalisation par Proda de trois complexes d'abattage de viandes ovines et bovines à Bouketeb (El Bayadh), à Hassi Bahbah (Djelfa) et à Ain M'lila, d'une capacité de 40.000 tonnes par an. Le financement concerne également la réalisation, durant les cinq prochaines années, de six entrepôts frigorifiques d'une capacité totale de 627.000 m3 à travers le territoire national. Ces infrastructures sont destinées au développement des filières viandes rouges et blanches et au renforcement du dispositif de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac),. Cette convention vient en application des décisions du gouvernement concernant la création et la modernisation de l'industrie de froid. M. Djebbar a indiqué pour sa part que l'accompagnement de la SGP Proda par sa banque dans ces projets d'investissement agricole se fera selon la demande exprimée par cette société laquelle, a-t-il précisé, a bénéficié d'un crédit de 500 millions DA dans le cadre du crédit R'fig. Rappelons que la Badr et l'entreprise publique économique " Irragris ", filiale du groupe " Anabib ", ont signé hier un accord cadre pour la prise en charge du dispositif d'acquisition des équipements d'irrigation au profit des exploitants agricoles. Cet accord cadre s'inscrit en droite ligne dans le programme d'action des pouvoirs publics 2009-2014 en matière de maîtrise de l'irrigation comme un des facteurs essentiels d'amélioration de la productivité et d'augmentation des productions agricoles pouvant contribuer à atteindre l'objectif de sécurité alimentaire. Cet accord conforte également la décision prise par les pouvoirs publics qui charge la Badr à accompagner les exploitants agricoles dans l'acquisition des matériels agricoles par un financement sous forme de crédit-bail (leasing), et rentre dans la stratégie de la banque en matière d'accompagnement de secteur agricole en général, et la production des céréales en particulier. Il permet aux exploitants agricoles éligibles au dispositif de soutien sur le programme Fndia, d'acquérir des équipements d'irrigation d'aspersion (pivots) avec seulement un apport personnel de 10% du montant global en hors taxes. Le reste, soit 90%, est composé de 40% comme financement bancaire et 50% comme soutien de l'Etat dans le cadre du Fndia. Aussi, la Badr et l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) ont signé jeudi à Alger une convention de financement de 33 milliards de DA pour l'acquisition de capacités de stockage de céréales. Cette convention, qui porte sur l'octroi d'un crédit dont la durée de remboursement est de 30 ans et d'un taux d'intérêt bonifié de 1%, a été accordée à l'office en application des orientations du Conseil des Participations de l'Etat (CPE). Il faut savoir que l'institution bancaire finance un volume global de 300 activités agricoles à l'échelle nationale, au titre de la politique nationale de développement du secteur. Dans le cadre de l'extension de ses formules de financement, la Badr a également prêté pour "une somme globale de plus de 8 milliards de DA au profit de coopératives agricoles, en vue de l'acquisition d'outils et équipements agricoles qui sont loués aux paysans selon les besoins exprimés par eux. Aussi, dans le cadre de l'élargissement de ses services de bancassurance, la Badr compte lancer de nouveaux produits en matière d'assurances multirisque relative aux semences et à la production de la pomme de terre, à la viticulture, à la production des olives et à l'olivier. La Badr est une banque de proximité qui peut se targuer de posséder le plus important réseau d'agences à l'échelle nationale, avec 300 unités, dont 80 % sont situées à proximité de milieux ruraux et agricoles.