Le tout puissant homme d'affaires algérien, M. Issad Rebrab, pour qui le secret de sa réussite n'est autre que la volonté d'"investir et d'investir encore plus", a dévoilé ses futurs projets d'investissements et son appréciation de l'actualité économique nationale. Dans une interview accordée au magazine " Afrique Asie " le businessman algérien s'est longuement étalé sur ses débuts en 1971 avec 5 000 dollars d'investissements pour parvenir à construire son empire "Cevital" qui dispose actuellement de 1,5 milliard de dollars de fonds propres. S'il est parvenu à ce résultat, M. Rebrab ne cache pas que, depuis 1999, chaque sou acquis est réinvesti. Le pôle agro-industrie de Cevital représente 60 % du chiffre d'affaires total et du résultat, et Hyundai 30 %. À eux deux, ils font aujourd'hui 90 % du chiffre d'affaires. Les autres activités du groupe (agriculture, grande distribution, électronique et électroménager, verre plat) viennent de démarrer. En 2009, Cevital a réalisé un résultat net de 300 millions de dollars. Cette année, nous escomptons un chiffre d'affaires de 2,5 milliards de dollars et un résultat net de 400-450 millions de dollars. Sur ces projets futurs, notamment ceux de l'énergie solaire, M. Rebrab dévoile que Cevital est déjà présent dans la production d'électricité alternative avec deux centrales de cogénération dans le complexe de Béjaïa et une troisième en cours de construction dans le complexe de verre plat de Larbaâ. Concernant la production de l'énergie solaire, il fait savoir qu'elle est plus chère encore que l'énergie conventionnelle. Selon lui, Cevital continue à investir dans la recherche-développement dans ce domaine. "Notre objectif est d'exporter. Nous faisons partie du consortium Desertec qui rassemble neuf sociétés allemandes, une suisse et une espagnole. Que des mastodontes internationaux" a-t-il dit et que les groupes publics algériens Sonatrach, Sonelgaz, Neal rejoignent le consortium. "Je l'ai suggéré, mais je n'ai pas encore eu de réponse" a-t-il confié. Sur les projets auxquels il tient à cœur, sans hésitation, il soutient que c'est d'abord, le projet "Cap-2015" organisé autour d'un port en eau profonde à Cap Djinet, à 60 kilomètres à l'est d'Alger ainsi que des projets dans la sidérurgie, pétrochimie, aluminium, construction navale,construction automobile, avec la création d'un millier d'entreprises de sous-traitance et des centaines de milliers d'emplois. "C'est un investissement de 30 milliards de dollars sur plusieurs années", estime-t-il. D'après lui, la Banque européenne d'investissement (BEI), la Société financière internationale (SFI - groupe Banque mondiale) seraient partantes, le groupe Bolloré ainsi que les grands armateurs mondiaux. "Mais les autorisations me font défaut", a-t-il jugé. Et d'ajouter : "J'en suis surpris. Je ne peux pas construire une usine au sud, exporter et être compétitif. Il me faut un port", tonne-t-il. Pour la construction automobile, il se propose de mettre en concurrence cinq constructeurs mondiaux, à savoir Volkswagen, Renault,Peugeot, Hyundai et Toyota pour une usine de 350 000 voitures par an, dont 100 000 destinées à l'exportation. En outre, d'autres projets sont envisagés par Cevital. Dans la distribution, il projette de construire au total cinq centrales logistiques, 120 centres commerciaux et 130 supermarchés, 7 ou 8 hypermarchés, et de participer à la modernisation de la distribution. "Pour un hypermarché, il faut compter 35000 à 40 000 références. Le réassort se fait en temps réel. Nous avons conclu un partenariat avec la famille Mulliez (Auchan, France) pour nous fournir les produits vendus en Europe et nous prendrons surplace les produits locaux", a-t-il révélé, en insistant que ces magasins doivent proposer tout ce qui se vend en Europe. Dans le tourisme et l'hôtellerie, ses projets sont la construction de trois tours à El Hamma, dans le cadre de l'aménagement de la baie d'Alger, une de 22 étages, et deux de 16 étages chacune. Comme il prévoit également, la construction d'un palace de 5 étoiles et d'un ApartHôtel. En outre, le patron de Cevital a commenté les mesures de réaménagement économique prises par la loi de finances complémentaire pour 2009. il dira à ce sujet que certaines de ces mesures sont bonnes pour le secteur privé. "C'est indéniable. Cevital n'a pas été gêné par l'instauration du crédit documentaire. Nous sommes un groupe crédible. Deux banques internationales nous ont proposé, sur ma simple signature, des prêts de 400 et 500 millions dollars, en risk corporate. Nous n'y avons pas touché. Je veux les réserver pour de grands projets dans la sidérurgie, la cimenterie, la pétrochimie" a-t-il jugé en estimant que la LFC 2009 a eu des résultats. Mais elle n'a pas résolu tous les problèmes. "Les articles de presse alarmants sur la situation du secteur privé depuis l'entrée en vigueur de cette loi me paraissent exagérés", a-t-il apprécié. Pour lui, en supprimant le transfert libre, le gouvernement visait le secteur informel. "Il aurait fallu cependant tenir compte de la situation des entreprises de production pour lesquelles le transfert libre pour l'approvisionnement en pièces détachées est une nécessité vitale", regrette-t-il. Sur le climat des affaires en Algérie, il estime qu'il faut libérer les initiatives. "On ne devrait pas être obligé de demander une autorisation pour investir et créer des emplois", s'est-il indigné. Selon lui, il faut ouvrir aux privés la possibilité de créer des parcs industriels, qu'ils pourraient équiper et mettre en vente ou en location à la disposition des opérateurs qui le souhaitent. "L'Algérie est vaste. Il faut voir grand. Ce n'est pas en vendant des terrains que l'État va s'enrichir", a-t-il signalé. Concernant la lutte contre la corruption, M. Issad Rebrab juge qu'il faut mettre les gens (les fonctionnaires, ) à l'abri du besoin pour leur éviter de tomber dans la corruption. "Il y a des cadres de l'État qui sont payés moins que nos ouvriers. En les mettant à l'abri du besoin, on retiendrait les meilleurs", a-t-il prédit.