Le président-directeur général du groupe agroalimentaire Cevital, Issad Rebrab, est un homme d'ambition. Invité, jeudi dernier, par le cercle des managers de l'Institut national du commerce (INC), M. Rebrab a fait cette confidence devant une salle composée d'étudiants et d'enseignants de l'INC. Il prévoit de doubler les exportations algériennes hors hydrocarbures d'ici 2010 pour atteindre le chiffre de 1,3 milliard de dollars. Cevital compte atteindre cet objectif grâce à deux des cinq projets d'investissement. Il compte aussi porter son chiffre d'affaires à 4,5 milliards USD et atteindre 25 000 emplois entre 2010 et 2012. Pour l'année dernière, Cevital qui employait quelque 6367 personnes a réalisé un chiffre d'affaires de l'ordre de 1,6 milliard USD. Après avoir dressé un historique de la naissance douloureuse, il faut le dire, du groupe Cevital à l'orée d'une économie dirigée à outrance, M. Rebrab a énuméré les secrets de la réussite de son groupe. Innovation et ténacité sont ses maîtres mots. L'orateur n'a pas manqué toutefois de déplorer en filigrane le climat hostile dans lequel évoluent péniblement les investisseurs en Algérie. « Du temps du socialisme, on était à peine toléré. Aujourd'hui, on est accepté. Mais on est encore loin d'être encouragés », confesse le PDG de Cevital en plaidant pour la libération des initiatives et la levée des contraintes administratives. Affirmant que les investissements profitent beaucoup à l'Etat, M. Rebrab a estimé que 45% de son chiffre d'affaires en 2007 sont réinjectés dans le marché sous forme d'investissements, 54% sont tombés dans l'escarcelle du Trésor public et 1% des dividendes sont répartis entres les actionnaires. Interrogé quant aux possibilités de recrutement des étudiants fraîchement sortis de l'université algérienne, le premier responsable de Cevital a révélé que son groupe envisage de créer une pépinière pour les compétences. Des accords ont été déjà conclus, précise-t-il, avec des universités nationales à l'instar de l'université de Béjaïa et l'Ecole polytechnique d'El Harrach. Invité à donner son avis sur la lancinante question de la réévaluation du dinar, objet d'avis controversés, M. Rebrab rejette cette option et exhorte le gouvernement à s'intéresser davantage à encourager la production nationale. « Si elle venait à être appliquée, elle ne fera que créer une richesse éphémère », explique-t-il. Par ailleurs, si le groupe de Cevital a déjà concédé des baisses sur les prix des huiles végétales sur le marché local en début d'année, son PDG regrette encore que les pouvoirs publics ne fassent pas d'efforts pour soutenir cette matière boursière. « Alors que nous payons 17% de TVA et 5% de droits des douanes en Algérie, ces deux taxations sont nulles en Tunisie et représentent 5% de TVA au Maroc », déplore-t-il. Pour rappel, le cercle des managers de l'INC invitera chaque mois un patron d'une entreprise nationale pour discuter de l'entrepreunariat en Algérie.