L'un des festivals le plus réputé du Gnaoua et qui se passe tous les ans à Essaouira au Maroc a invité comme à chaque édition, le fils de son père (Kateb Yacine) Amazigh Kateb. Ce rendez-vous très populaire puisqu'il attend près de 400.000 spectateurs, s'est ouvert jeudi dernier avec un groupe local les frères maâlem, (grands maîtres gnaouis marocains) Mohammed et Saïd Kouyou ainsi que le Sukhishvili, le ballet national, ballet de la république de Georgie. Celui-ci compte d'ailleurs pas moins de 10 danseurs et autant de percussionnistes. Jusqu'au 27 juin prochain, cette manifestation qui se produit sous le thème de l'innovation, de l'originalité et de l'authenticité, rendra hommage comme à chaque fois aux troupes folkloriques des Gnaouas. Tout concourt à dire que le spectacle d'Amazigh Kateb est très attendu et que cet ex de G'naoua diffusion est reçu en vedette puisqu'il est invité dans une résidence d'artistes aux côtés de plusieurs autres musiciens gnaouis marocains. La résidence d'artistes n'est pas une première mais fait partie intégrante de cet événement de plus en plus réputé. Par ailleurs, on affiche d'ores et déjà au programme de cette édition, 48 concerts gratuits, 3 résidences d'artistes, 10 concerts fusions avec la participation globale de quelque 300 artistes. Plusieurs conférences sur la culture et l'art se dérouleront également lors de ce festival qui prévoit un nombre record de participants. Il faut dire qu'Amazigh Kateb ne partira pas avec seulement les classiques que l'on lui connaît bien avant son divorce il y a deux ans avec son mémorable groupe G'naoua Diffusion. Car celui-ci a sorti son nouvel opus le 17 octobre 2009 à Paris bien après la 12ème édition du festival d'Essaouira. Cette date il y tenait puisque ça rappelle les massacres de la police de Papon sur des algériens jetés à la Seine. Amazigh, un électron libre Après la dissolution de son groupe Gnawa diffusion, Amazigh Kateb avait cuisiné en solo sa musique mais avec une nouveauté cette fois-ci, celle de travailler pour la première fois sur les textes de son père. Le chanteur avoue que c'était une entreprise difficile, puisqu'il lui a fallu vingt années pour se décider à " charcuter, à violenter quelques poèmes de l'écrivain, pour en prendre ce dont il avait besoin " dira -il. Après une longue absence, Amazigh Kateb, le chanteur gnawi, parcourt les scènes de France avec, dans son goumbri, ses anciennes chansons, mais aussi du neuf. En tournée depuis mai dernier, Amazigh Kateb s'est produit le 20 août 2009 au festival Rio Loco de Toulouse, avec pour thème le Maghreb central. Notre star de la musique gnawie y a rencontré plusieurs autres figures de proue de la chanson maghrébine, dont Hasna El-Becharia, Idir, Najat Aatabou, Biyouna, Djamel Laroussi, Belkacem Bouteldja et tant d'autres. Le sulfureux ex-leader du groupe "Gnawa Diffusion", après sa séparation avec la formation la plus glamour de la planète sud, Amazigh a passé une année à traîner la savate un peu partout, histoire de changer d'air (de musique), de faire des rencontres, batifoler entre l'Afrique, l'Europe et l'Amérique latine pour en récolter le pollen de ses chansons. Voilà qu'il est revenu il y a peu avec un nouvel album: Bush méte (Bush est mort), son tout dernier titre, autoproduit cette fois et téléchargeable gratuitement sur son site Internet. Une chanson célébrant la fin d'un prédateur et la naissance, pour ainsi dire, d'un nouvel Amazigh. Mais la "mort" de Bush n'est qu'un prologue à un nouvel album solo sorti le 17 octobre 2009. Quelques extraits de ce travail ont été entendus à Alger à l'occasion du grand rendez-vous du Panaf où le chanteur était invité à animer entre autres la soirée d'ouverture et quelques concerts, notamment à Tizi Ouzou. Il était très content d'ailleurs Amazigh Kateb de devoir chanter pour la première fois dans cette ville frondeuse avec laquelle il entretient un rapport comme de paternité qui est celui de la révolte. Selon Amazigh Kateb, ce nouvel opus parle d'Algérie et d'amour. " Il y a deux chansons raï mais avec des paroles de mon cru. Il y a deux textes de mon père mis en musique, " Bonjour " et " Africain " tirés de L'œuvre en fragments des chansons sur l'Afrique, sur le tiers-monde, sur la Palestine. L'album contient douze titres. Amazigh Kateb qui est devenu depuis une année cet électron libre du champ lyrique a travaillé durant plus de 14 ans aux côtés des membres de Gnawa diffusion, explorant ainsi les richesses musicales de l'Afrique du Nord et proposant des textes aussi bien en arabe, en français, qu'en anglais. Au tableau de " l'état civil ", il avait 14 ans d'âge, mais seulement dix années de carrière discographique. Un parcours rythmé par des centaines de concerts dans les arènes du monde, pas moins de trois disques en studio, un album live en Algérie et quelque 500 concerts. Dans son répertoire, l'ex-groupe franco-algérois oscille entre chants traditionnels, sentimentaux, militants et festifs. Avec une satire subtilement dosée, et un humour corrosif, Gnawa diffusion vilipende sans ambages les maux de ce monde et ceux qui les instrumentalisent. Lorsque la musique du Maghreb fusionne avec les sonorités africaines, le rock, le reggae ou le rap, il en ressort un métissage musical tout à fait libre.