Le seul réassureur national, en l'occurrence, la Compagnie centrale de réassurance (CCR), pourrait voir son rôle renforcé par les pouvoirs publics qui veulent, vraisemblablement, obliger les compagnies d'assurance algériennes à réassurer au moins 50% de leur portefeuille chez le réassureur public. Selon le journal électronique TSA, citant une source proche du dossier, le ministère des Finances veut réorganiser le marché de la réassurance en élevant les parts du marché de la CCR, qui sont aujourd'hui de 35%. "Actuellement, les assureurs algériens réassurent une petite partie de leurs produits chez la CCR. Le gouvernement veut le contraire, c'est-à-dire réassurer une grande partie chez la CCR et le reste à l'étranger", explique-t-on de même source. La mesure vise notamment à réduire les transferts de devises vers l'étranger et à faire de la CCR une puissante compagnie nationale de réassurance. D'ailleurs, faut-il le rappeler, un taux de 65% de parts du marché de la réassurance en Algérie sont détenus par des réassureurs internationaux étrangers. Ainsi, les pouvoirs publics veulent, à travers le renforcement du rôle du réassureur public, l'augmentation des part du marché de la réassurance en Algérie et pallier les transferts des devises qui font l'objet d'un contrôle rigoureux de la Banque d'Algérie. Il faut dire que pour tenir son rôle de futur monopole public sur le marché national de la réassurance, l'Assemblée générale extraordinaire de la CCR avait, rappelle-t-on, décidé le 28 juin 2009, une augmentation de son capital social de 5 milliards de dinars à 13 milliards de dinars. A noter également que la CCR vient de recevoir la note encourageante de B+ (bonne) pour sa solidité financière par AM Best, leader mondial des agences de notation dans le secteur des assurances. Cette notation, première du genre dans le secteur des assurances algérien, a été réalisée à la demande du réassureur algérien. Mais la perspective de faire de la CCR un puissant réassureur national suscite quelques inquiétudes et réserves dans le milieu des assureurs. "La CCR n'a pas encore les moyens humains et les capacités managériales nécessaires pour devenir une grande compagnie de réassurance", estime un spécialiste du marché de l'assurance. Le renforcement de l'unique réassureur algérien intervient alors que le sort de la compagnie Sonatrach Re, créée il y a deux ans par l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, au Luxembourg, reste inconnu. La gestion de cette société de réassurance, qui devait prendre en charge une partie du portefeuille de Sonatrach, a été confiée au courtier américain Marsh & McLennan. Pour rappel, la compagnie a été créée en 1973. Elle possède le statut d'une société par actions, avec un capital social de 5 milliards de dinars, détenu par l'Etat algérien. La CCR a son siège social à Alger, elle dispose d'une équipe de cadres techniciens expérimentés dans le domaine de la réassurance. Elle est un acteur économique qui propose de la réassurance dans les branches marine, non marine et transport. La CCR assure également pour le compte de l'Etat la gestion du programme national des catastrophes naturelles (Cat-Nat) qui a été mis en place après le séisme du 21 mai 2003.