Le projet de construire une bibliothèque publique pour chaque commune, un projet si cher à la ministre de la Culture, Khalida Toumi, semble en bonne voie ; quoiqu'il ne sera concrétisé que d'ici 2014. Selon le ministère de la Culture, un total de 450 bibliothèques de lecture publique seront réalisées sur l'ensemble du territoire national d'ici à l'année 2014. Ces structures dont la vocation principale est bien sûr la promotion et la relance de la lecture publique, seront gérées par le ministère de la Culture. Ce dernier aurait consacré 30% de l'enveloppe financière dégagée pour le secteur dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, selon une source ministérielle. "450 bibliothèques de lecture publique seront réalisées à l'horizon de l'année 2014 et seront sous la tutelle du ministère de la Culture, outre celles prévues dans le cadre du programme (une bibliothèque pour chaque commune)", a indiqué le directeur du livre et de la lecture au niveau du ministère, Rachid Hadj Nacer, lors d'une journée d'étude sur la gestion des bibliothèques publiques et le développement du fonds documentaire. Il a précisé que le nombre de bibliothèques publiques prévues sera partagé entre bibliothèques principales et locales. Hadj Nacer a saisi la rencontre pour rappeler aux directeurs de la Culture de wilaya et de certaines bibliothèques présents, les différents programmes et opérations qui visent à relancer la lecture publique ainsi que le rôle et la mission d'une bibliothèque publique, notamment, dans le développement du domaine de la lecture et du livre. Les bibliothèques de lecture publique devraient, selon Khalida Toumi accorder la priorité aux maisons d'édition nationales dans l'acquisition des livres en vue d'enrichir leurs fonds documentaires. "Nous avons près de 200 maisons d'édition nationales. Il est logique qu'elles soient prioritaires dans les opérations d'acquisition que doivent mener les bibliothèques de lecture publique pour enrichir leurs fonds documentaires" a-t-elle indiqué en assurant que les bibliothèques publiques ont un rôle dans "l'encouragement de l'industrie nationale du livre, des éditeurs nationaux et la promotion de la production nationale livresque sans que cela signifie l'isolation des lecteurs des productions étrangères dans le domaine du livre.'' Un cahier des charges, selon lequel les responsables des bibliothèques de lecture publique doivent se référer pour la gestion des bibliothèques et l'acquisition des livres, sera prêt en septembre, a-t-elle annoncé, précisant qu'il a été élaboré selon des normes internationales ratifiées par l'Unesco. Et si les enfants ne lisaient pas ! Les bibliothèques publiques, si une fois bien "garnies" et équipées, peuvent contribuer de façon indubitable à une lutte contre les processus d'exclusion et de relégation... ironie du sort : elles le sont mais peu fréquentées. Une bonne politique s'impose pour forcer les jeunes à lire davantage loin de l'écran des micro-ordinateurs. Cela dit, dans les bibliothèques, les jeunes peuvent majorer un "capital" scolaire et culturel qu'ils tenteront, ensuite, de faire fructifier sur le marché de l'emploi. Grâce aux livres, certains élaborent une vision de soi, de l'autre, du monde et acquièrent le sens critique, qui leur permet d'appréhender toutes les situations avec un esprit clairvoyant.Un bon nombre d'observateurs ont affirmé que, sur le plan éducatif, la bibliothèque est perçue avant tout comme ce complément essentiel de l'école. S'ils s'aventurent dans les rayons, c'est essentiellement pour chercher des documents en rapport avec le devoir ou l'exposé à préparer. Or, sur le terrain, la réalité est amère, car, pour revaloriser ces infrastructures, afin que le livre puisse trouver sa place dans le domaine culturel, c'est tout un effort qui devrait être fourni, autrement, rien ne sera changé. "Obliger les écoliers à faire des recherches pour leurs projets via la lecture est une solution efficace pour encourager celle-ci", dira un parent d'élève, alors qu'un autre ironise : "Lire, et on demande à nos enfants de faire des recherches via Internet sans même savoir ce qu'ils ont imprimé et remis à l'enseignant." De leur côté, les universitaires et les spécialistes indiquent que la mission d'une bibliothèque n'est-elle pas avant tout d'être le lieu où peuvent s'exercer les droits culturels de chacun, de permettre l'accès, le plus démocratique possible, au savoir et à des œuvres qui aident à penser sa vérité subjective et son humanité partagée, offrir des passerelles vers des univers culturels élargis, vers des lectures plurielles. En un mot, lire est une habitude qui s'acquièrt d'abord chez-soi ensuite à l'école. Construire des bibliothèques qui ne seront pas fréquentées serait un affreux gâchis. Préparer les enfants à prendre le chemin des bibliothèques serait une parfaite réussite pour une Nation dont les enfants ont un syndrome grave de l'inculture.