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L'économie algérienne face aux nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire 2010 et du nouveau code des marchés publics
Publié dans Le Maghreb le 22 - 07 - 2010

le taux annoncé par le ministère du travail fin 2009 est de plus de 25% de la population active avec une contribution dans la formation du PIB (produit intérieur brut) hors hydrocarbures de 20 à 25%. Une enquête menée par le CREAD (Centre de recherche en économie appliquée pour le développement) révèle que sur 7500 PME, 42% des effectifs ne sont pas déclarés et 30% de leur chiffre d'affaires échappent au fisc. Concernant justement l'évasion fiscale due à la sphère informelle , pour l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA, dans une déclaration du 19 mai 2009 reproduite par l'agence officielle APS, le manque à gagner induit par l'évasion fiscale dans les transactions commerciales en Algérie dépasse 200 milliards de dinars annuellement, soit au cours actuel 2,6 milliards de dollars , tout en précisant que 80% des transactions commerciales se font sans aucune facturation, alors que 70 à 80% des transactions utilisent le " cash ", comme moyen de payement.
Et que près de 900 000 sur les 1,2 million de commerçants inscrits au registre de commerce (CNRC) ne payent pas leurs cotisations sociales et que l'approvisionnement des 2/3 de la population provient de la sphère informelle. Il en est de même de la dualité du dinar sur le marché parallèle et le cours officiel. Cela a des incidences donc sur le pouvoir d'achat de la majorité des citoyens car cette sphère contrôle quatre segments-clefs : celui des fruits et légumes, de la viande, celui du poisson pour les marchandises locales et pour l'importation, le textile - chaussures. Or selon l'enquête de septembre 2007 du CNAEP 70% des revenus des ménages algériens vont aux besoins essentiels.
S'agissant non pas de prendre des agrégats globaux de peu de signification pour toute politique socio-économique concrète, mais d'analyser les liens entre l'accumulation, le modèle de consommation et la répartition des revenus par couches sociales avec l'inflation de retour jouant comme vecteur de concentration des revenus au profit des revenus variables avec le nivellement des couches moyennes utiles et non rentières vers le bas, taux de 2% en 2006, 3% en 2007, 4% en 2008 , plus de 5,7% en 2009, et un taux de 5,4% pour 2010 en glissement annuel , toujours selon les statistiques du 15 juillet 2010 de l''organe statistique officiel ONS. Pour 2009/2010 selon nos enquêtes par échantillonnage, 80% du revenu moyen est consacré aux produits de première nécessité et donc s'adressant à la sphère informelle, impliquant d'ailleurs la révision de l'indice des prix de l'ONS qui semble être sous estimé car le besoin est historiquement daté : nouveaux besoins durant chaque phase historique. Comme se pose cette question : avec ce retour à l'inflation et la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité de la population, en supposant que la production locale existe, cette dernière pourra-t-elle être écoulée sans le recours au crédit à la consommation qui a été supprimé dans la loi de finances complémentaire 2009 ?
III- Pour les mesures qui seraient contenues dans la loi de finances complémentaire 2010 liées d'ailleurs aux mesures précédentes, comme l'interdiction de l'importation de certains produits finis produits localement, l'interdiction de l'importation des déchets ferreux, l'imposition de plusieurs taxes sur l'importation de différents équipements par exemple l'importation des bus, entre 20 et 50 millions de centimes, vont t- elles permettre effectivement d'encourager la production locale? Je rappelle que les deux fondamentaux du XXIème siècle pour l'épanouissement de l'entreprise créatrice de richesses durables, les infrastructures certes nécessaires n'étant qu' "un moyen, alors qu'ils absorbent plus de 70% de la dépense publique (2004/2014, sont la bonne gouvernance et la valorisation du savoir. Supposant qu'elles reposent sur une plus cohérence et visibilité dans la grande politique socio- économique, évitant l'instabilité juridique perpétuelle qui décourage tout investisseur et sur l'innovation permanente pour résister à la concurrence et avoir le couple coût/qualité compétitif. Le problème posé est donc le suivant : l'Algérie et -elle caractérisée par une bonne gouvernance, un bon management stratégique des entreprises et une amélioration du climat es affaires loin de la vision de l'unique dépense monétaire ? L'Algérie favorise t- elle le savoir ou les rentes de situation ? Combien d'entreprises publiques et privées locales ont -elles des laboratoires de recherche appliquée digne de ce nom ? Aussi interdire l'importation de produits finis suppose d'abord que la production en termes de couts et qualité existe. Or nous constatons que la majorité des entreprises publiques et privées fonctionnent à partir des matières premières importées et que la transformation locale contribue à peu de valeur ajoutée. C'est toujours la même question mais qui rentre dans ce cadre de la rente de situation donnée à la SNVI (quel est le taux d'intégration de cette société ?) , qui après avoir été assainie plusieurs fois, à l'instar de bon nombre d'autres entreprises publiques qui selon le rapport financier du Ministère de l'Investissement de janvier 2009, sont revenu à la case de départ, 70% de entreprises publiques ayant un ratio de solvabilité négatif. Et ce grâce toujours non pas à la création de la valeur fondée sur le travail mais aux recettes des hydrocarbures qui je le rappelle, ont permis également de réduire le principal de la dette à moins de 4 milliards de dollars et la dette publique interne à moins de 0,7 milliard de dollars.
Se pose la question doit - on continuer toujours d'assainir ou n'est-il pas préférable de projeter des investissements nouveaux pouvant tenir tête à la concurrence internationale. Aussi faute d'une politique claire d'innovation et d'un bon management, cela ne pourra donc qu'entrainer la hausse des importations de cette rubrique au profit des produits finis à court terme. Les entreprises locales profiteront -elles de cette situation de rente pour pousser à une meilleure intégration ; le problème est posé et cela renvoie toujours à l'innovation ? Combien d'entreprises publiques et privées locales ont -elles des laboratoires de recherche appliquée digne de ce nom y compris Sonatrach ? Et cette innovation ne suppose t- elle à la fois un environnement assaini et tout un renversement des échelles de valeurs récompensant le travail et l'intelligence et non les rentes ? Car comment ne pas rappeler qu'avec des dévaluations successives dont seulement entre 2008/2009 de 20% par rapport à l'euro dépassant officiellement 100 dinars un euro et 15% par rapport au dollar ce qui constitue un dumping pour les entreprises locales, il a été impossible de dynamiser les exportations hors hydrocarbures (moins e 3% du total) montrant que le blocage est d'ordre systémique. Faute de quoi, ces mesures auront un impact très mitigé sur l'accumulation c'est-à-dire le développement futur du pays.Aussi, le recours à l'expertise et à l'ingénierie étrangère s'avèrera encore incontournable, la capacité d'absorption par l'outil national de production étant incertaine, comme l'est également la contribution des sociétés étrangères dans le transfert de savoir-faire et de technologie comme le montre l'expérience mitigée de la dépense publique entre 2004/2009 avec des surcouts exorbitants .des réévaluations permanentes et la dévalorisation du savoir au profit des rentes, le montant poste assistance technique étrangère étant passé de 4 milliards de dollars en 2004 à 11 milliards de dollars entre 2008/2009.


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