L'euro a franchi hier le seuil de 1,32 dollar, pour la première fois depuis début mai, bénéficiant toujours d'un regain d'appétit des investisseurs pour le risque après les nettes hausses des marchés boursiers la veille et la publication de bons indicateurs en zone euro. Vers 08H15 GMT (10H15 HEC), l'euro est monté jusqu'à 1,3237 dollar, son plus haut niveau depuis le 4 mai, après avoir dépassé le seuil de 1,32 dollar peu avant 07H35 GMT. Il avait dépassé le 29 juillet le niveau de 1,31 dollar pour la première fois depuis début mai. La monnaie unique profitait d'une reprise de l'appétit pour les investissements à fort rendement, jugés plus risqués. "Ce qui s'est passé sur ces 24 dernières heures, c'est encore l'histoire d'un affaiblissement du dollar et d'une progression de l'appétit pour le risque, en dépit de données macroéconomiques ternes aux Etats-Unis", souligne Michael Hewson, analyste de CMC Markets. L'euro avait été nettement soutenu lundi par la confirmation de l'accélération en juillet de la croissance dans l'industrie manufacturière de la zone euro, et par une envolée des places boursières, propre à conforter les investisseurs. De son côté, le dollar restait sous pression après la publication de l'indice des directeurs d'achats publié lundi par l'association professionnelle ISM, qui a fait état d'un ralentissement de la hausse de l'activité dans le secteur manufacturier aux Etats-Unis, en juillet. Un tel niveau n'avait pas été atteint depuis exactement trois mois. Selon l'analyse technique, c'est-à-dire l'analyse de la courbe de l'euro/dollar, un important seuil technique est franchi, et une poursuite de la hausse est à prévoir. "Dans un premier temps, on devrait assister à un rally en direction des 1,34 dollar. Au-delà, la parité euro/dollar prendrait la direction des 1,38". Depuis le mois de juin, l'euro est reparti à la hausse après des mois de repli (-21% en six mois) qui avaient remis en cause la viabilité même de la zone euro. On peut expliquer cela par plusieurs facteurs. D'abord, le grand problème des dettes souveraines des Etats européens s'est estompé, alors que l'Union européenne et le FMI ont déployé un plan d'aide massif (de 750 milliards d'euros) pour venir en aide à un Etat au bord de la faillite. Les bons résultats des tests de résistance des banques ont redonné confiance aux Européens en leur système bancaire. Une confiance confortée par les bons résultats de BNP Paribas, publiés ce lundi matin. Ainsi, en Europe, le sentiment général est beaucoup moins alarmiste. Et de nombreux indicateurs économiques viennent corroborer la thèse d'un meilleur avenir dans le Vieux Continent. Ensuite, les marchés d'actions se sont également repris, à la faveur de bons résultats d'entreprises. De quoi donner un coup de pouce à l'appétit pour le risque des investisseurs, qui misent sur des devises plus risquées, comme l'euro. Côté américain, les Bourses maintiennent leur tendance haussière et les derniers indicateurs économiques ont fait état d'une réelle reprise de la première économie du monde, même si elle reste fragile sur l'emploi et l'immobilier. Des annonces rassurantes qui se sont traduites par des ventes du dollar, qui est une valeur refuge en cas de craintes et d'incertitudes des investisseurs.