Le pétrole a fidèlement suivi les marchés d'action sur la semaine du 31 mai. Le dollar plus fort et des statistiques décevantes l'ont toutefois poussé à la baisse. Si le baril de pétrole a vrillé, hier, dans les échanges asiatiques sous 70 dollars, la semaine passé s'est plutôt placée sous le signe de la stabilité pour l'or noir, entre 72 et75 dollars par baril, à l'instar des marchés Boursiers. "Le pétrole est la matière première la plus liée à la Bourse", explique l'analyste indépendant Ellis Eckland, qui précise que "la Bourse en hausse signifie plus d'intérêt des investisseurs dans les actifs risqués. Pour les matières premières, cela veut dire une plus grande confiance dans les perspectives économiques". Le pétrole continue de pâtir de la baisse continue de l'euro face au dollar, qui lui, est revenu de plus de 1,23 à moins de 1,19 dollar en sept jours. Les inquiétudes sur la zone euro maintiennent ainsi le dollar près de son niveau le plus fort depuis quatre ans ce qui décourage les achats de matières premières vendus dans cette devise. Les cours du pétrole évoluaient en ordre dispersé hier , sur un marché plombé par la vigueur du dollar américain et ruminant toujours la déception des chiffres de l'emploi américain. Vers 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet prenait 28 cents, à 72,37 dollars, par rapport à la clôture de la veille. A la même heure, le "brut léger texan" (WTI) pour la même échéance lâchait 6 cents à 71,45 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). La vigueur du billet vert continuait à pénaliser les cours du pétrole: lundi, le dollar a atteint 1,1877 dollar pour un euro vers 01H50 GMT, son plus haut niveau depuis le 10 mars 2006. Le marché pétrolier restait également assombri par les données décevantes de l'emploi américain publiées vendredi: les chiffres mensuels de l'emploi ont témoigné d'un net ralentissement des créations de postes dans le secteur privé. En mai, les créations nettes d'emplois ont atteint 431'000, contre un demi-million attendu. Couplées à un renforcement prononcé du dollar, au plus haut depuis 4 ans face à l'euro, ces chiffres ont fait perdre trois dollars aux prix du baril vendredi dernier, effaçant une tentative de progression des trois séances précédentes. "Les dernières données nous rappellent une fois de plus que la progression de première économie mondiale vers la reprise se fera d'un pas pesant", résume David Hufton, analyste chez PVM. Compte tenu des emplois publics liés au recensement, "il n'y a eu que 450'000 emplois créés cette année, ce qui fait une moyenne de 91'000 emplois par mois et doit se comparer aux 6,8 millions d'emplois perdus depuis juillet 2008", calcule Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix, qui souligne par ailleurs la détérioration persistante du marché de l'emploi européen, où le chômage a dépassé les 10%. "Dans l'ensemble, nous sommes encore dans une reprise sans emploi", résume-t-il. Le marché pétrolier recevra plusieurs rapports importants sur l'état de l'offre et de la demande cette semaine. Jeudi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le bras énergétique de l'OCDE, livrera son analyse mensuelle de l'offre et la demande mondiales de brut, très suivie par le marché. Au préalable, l'Agence américaine de l'énergie publiera son rapport mensuel mardi, et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) donnera le sien mercredi. En revanche, sur le front des indicateurs économiques, "cette semaine sera moins chargée que la précédente, mais avec l'attention portée actuellement à l'Europe, il faudra prêter l'oreille à M. Trichet jeudi", prévient Olivier Jakob, en référence à la réunion mensuelle de la Banque centrale européenne, suivie de la conférence de presse de son président, Jean-Claude Trichet.